Le scénario de Ghardaïa sera-t-il réédité dans la wilaya de Bouira?
Les dérapages qu’a connus ces derniers jours la ville de Bouira inquiètent le gouvernement et l’opinion publique en Algérie. Rappelons d’abord la chronologie des évènements. Lundi, les forces de l’ordre ont tenté d’interdire aux étudiants berbéristes de l’université Mohand Akli Oulhadj de Bouira de sortir de l’enceinte universitaire mais sans succès. Il s’en est suivi des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants qui ont fait plusieurs blessés des deux côtés.Le lendemain, mardi, le Wali a finalement autorisé les étudiants à manifester dans le centre ville. Par la suite, une violente dispute a éclaté entre étudiants berbéristes et étudiants nationalistes. Ces derniers ont notamment été choqués par les slogans pro-sionistes scandés par des étudiants berbéristes et se sont opposés au fait que des étudiants du MAK aient voulu arracher le drapeau national pour lui substituer le drapeau kabyle.
Les étudiants berbéristes sont allés chercher des renforts dans les communes kabylophones voisines et se sont attaqués aux cités populaires des 140 logements et des 1100 logements d’où proviennent la plupart les étudiants qui se sont opposés à eux. Mais les jeunes de ces cités populaires ne se sont pas laissés faire et ont réussi à repousser et à faire fuir les assaillants berbéristes jusqu’au centre ville. Ces derniers se sont vengés en détruisant le mobilier urbain. Les forces de l’ordre ont visiblement été dépassés dans la mesure où les jeunes protagonistes qui s’affrontaient étaient divisés en petits groupes mobiles. La situation demeure tendue dans la ville et le Conseil d’administration de l’université de Bouira a décidé de fermer provisoirement les portes de l’université jusqu’au retour au calme.
Les citoyens de la wilaya de Bouira, une wilaya où coexistaient jusqu’ici arabophones et kabylophones sans problèmes, sont inquiets et craignent que leur ville devienne un théâtre d’affrontements intercommunautaires comme le fut dans un passé proche la ville de Ghardaïa. Plusieurs témoins sur place nous ont confirmés que le laxisme de l’Etat algérien face aux hordes berbéristes est en partie responsable des dérapages qu’a connus la ville de Bouira. En effet, le fait que des étudiants berbéristes aient choisi de manifester leur particularisme à un moment où le peuple algérien, à l’instar de tous les peuples arabes et musulmans, a le regard tourné vers El Qods, est vécu par de nombreux Algériens comme une provocation inacceptable. Des citoyens se sont demandés comment le Wali de Bouira a pu autoriser une telle manifestation en sachant qu’elle pouvait porter atteinte à l’ordre public. Même dans les vieilles nations démocratiques, les pouvoirs publics recourent parfois à l’interdiction de rassemblements ou de manifestation quand ils estiment que l’ordre public est en jeu. Pour rappel, les spectacles de l’humoriste français Dieudonné ont été interdits en France et en Belgique pour ce motif.