Le sommet sino-arabe marque l’entrée des deux ensembles dans une nouvelle ère économique

11.12.2022. Le récent sommet sino-arabe qui s’est tenu à Riadh en Arabie saoudite témoigne de la volonté des deux parties d’entrer dans une nouvelle ère marquée par un partenariat mutuellement avantageux. Le sommet marque également la volonté de Pékin de bousculer Washington dans une région où les Américains et leurs alliés européens bénéficiaient d’une position hégémonie incontestée; Même si la volet économique semble dominant dans ce nouveau partenariat, les dimensions stratégiques et géopolitiques ne sont pas totalement absentes.

Le sommet sino-arabe a eu à se pencher sur les relations économiques entre les deux parties qui ont connu ces dernières années un développement spectaculaire. Les exportations chinoises vers les pays arabes sont passées de 10 milliards de dollars en 1990 à 220 milliards en 2016. Mieux encore, 48 % des importations totales de pétrole consommées par la Chine proviennent du monde arabe. Aujourd’hui, les deux entités souhaitent faire du commerce chinois dans les pays arabes un nouveau levier de partenariat avec la possibilité d’investir 300 milliards de dollars avant 2025. La signature de plus de 300 accords de partenariats commerciaux entre la Chine et les pays arabes depuis l’organisation du premier Forum sino-arabe en 2004 atteste de la consistance des relations économiques entre les deux parties.

Un autre aspect important semble bénéficier désormais de l’attention des deux parties, il s’agit de la possibilité d’organiser les échanges sino-arabes au moyen de la devise chinoise. Un débat sur les contrats pétroliers en yuan a parfois eu lieu au cours des six dernières années entre Pékin et Riyad, et le sommet a été une occasion pour avancer dans ce sens. Les efforts de la Chine pour internationaliser le yuan ont un partenaire potentiel : Riyad. Au fait, Pékin achète plus de 25 % des exportations de pétrole du royaume, et si ces transactions étaient libellées en yuan, le pétrole saoudien pourrait aider la monnaie chinoise à renforcer sa position en tant que monnaie mondiale. Pour cela, Pékin a des arguments solides malgré le fait que le dollar reste la monnaie de référence dans les échanges pétroliers internationaux. Pékin peut par exemple encourager Riadh à utiliser le yuan en contrepartie de son admission au groupe des Brics.

Le sommet sino-arabe a été aussi l’occasion d’organiser une sorte de sommet dans le sommet. Les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont profité de l’occasion pour organiser un sommet Chine-CCG. Les pourparlers sur un accord de libre-échange entre le CCG et la Chine ont parcouru un long chemin. Inaugurées dès 2004, elles ont été suspendues en 2009 et ont repris en 2016, pour s’arrêter à nouveau en 2017, suite à la crise diplomatique qui a opposé l’Arabie saoudite et les EAU au Qatar. Le réchauffement relatif des relations entre les pays du CCG pourrait relancer ce processus surtout que les pays du CCG ont tout intérêt à développer leurs infrastructures portuaires dans le cadre de leur politique de diversification économique en vue de sortir de la dépendance à l’égard des hydrocarbures. L’initiative chinoise “la Ceinture et la Route”, avec ses opportunités infrastructurelles et technologiques constitue à cet « gard une belle opportunité pour les pays du CCG (Algérie solidaire)