Le tribunal d’Alger condamne par contumace le dirigeant du MAK Ferhat Mehenni à la prison à perpétuité

08.03.2023. Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda (Alger) a condamné, mercredi par contumace, le chef du MAK, Ferhat M’heni à perpétuité actuellement réfugié en France et confirmé le mandat d’arrêt international émis à son encontre pour « atteinte à l’intégrité territoriale », « atteinte à la sécurité de l’Etat », « atteinte à l’unité nationale et à la stabilité des institutions de l’Etat », « création et appartenance à une organisation terroriste. »

Le tribunal de Dar El Beida a également condamné à la même peine, dans la même affaire, 4 autres accusés. Il s’agit de Farfouh Hanafi, Merzouk Abderrahmane, Kadi Slimane et Lorghioui Jugurtha. Des peines allant de 2 à 6 ans de prison ferme ont été prononcées contre 4 accusés, tandis qu’un autre accusé a été acquitté.

La condamnation des dirigeants du MAK à des peines de prison très lourdes témoigne du fait que les plus hautes autorités du pays ont pris conscience du danger que représente ce mouvement pour l’unité nationale et l’intégrité territoriale du pays. Mais ce qui inquiète le plus l’Etat algérien est la tentation de ce mouvement de s’allier avec des puissances étrangères hostiles à l’Algérie pour parvenir à ses fins. Les liens du mouvement avec les services israéliens et marocains sont un secret de polichinelle et le MAK ne le nie pas puisqu’il affiche publiquement son « amitié » avec ces deux Etats. Par ailleurs, le MAK bénéficie de la complaisance des médias français qui n’hésitent pas à le présenter comme un mouvement d’émancipation nationale et démocratique.

Cependant les observateurs restent dubitatifs concernant la politique répressive suivie jusqu’ici par le gouvernement algérien contre ce mouvement séparatiste. En le classant comme organisation « terroriste » sans apporter les preuves juridiques suffisantes, le gouvernement ne risque-t-il pas de banaliser les autres accusations qu’il adresse à ce mouvement et qui sont elles incontestables ? Cela explique en partie la difficulté des autorités algériennes à bénéficier de la coopération judiciaire des Etats européens qui abritent les militants de ce mouvement. Par ailleurs, le pouvoir algérien élude la question de fond à savoir la montée de l’idéologie ethnonationaliste au sein d’une partie de la jeunesse kabyle qui s’explique en partie par les déficits constatés dans la prise en charge des préoccupations à caractère social. A cela s’ajoute l’inconséquence du pouvoir algérien qui feint de combattre le séparatisme du MAK mais occulte en même temps la lutte contre l’idéologie berbériste qui lui sert de terreau et dont les partisans sont confortablement installés y compris dans les rouages administratifs, économiques et médiatiques de l’Etat.

Mustapha Senhadji