L’échec cuisant des partis de la cinquième colonne
Pour le sixième vendredi consécutif, les Algériens sont descendus dans la rue pour exiger le départ du régime. Le sous-entendu est clair. Il ne s’agit pas seulement du président Bouteflika mais de tous ceux qui se sont compromis avec son régime et de ceux qui ont utilisé son image durant ces dernières années à commencer par ses frères et leurs proches aussi bien dans les milieux d’affaires qu’au sein de la classe politique. Les manifestations de ce vendredi 29 mars étaient particulièrement attendues par les observateurs qui devraient les ausculter de manière détaillée. L’évènement de la semaine écoulée a été constitué par l’appel du chef d’état-major de l’ANP en faveur de l’application de l’article 102 de la Constitution en vue de déclarer la vacance du pouvoir présidentiel.
Plusieurs signes apparus durant ces dernières semaines ont montré clairement que le commandement de l’ANP commençait à prendre ses distances avec le clan présidentiel tout en exprimant sa compréhension et son admiration pour le caractère pacifique du mouvement populaire. C’était assez pour semer l’effroi dans les rangs de l’ « Etat profond » qui a utilisé durant des décennies le paravent du régime Bouteflika et qui est prêt à s’en débarrasser à la condition qu’il lui trouve un autre paravent avec la collaboration de la France et des partis-clients qui se recrutent majoritairement au sein de la mouvance franco-berbériste. La levée de bouclier du FFS, du RCD et du PT qui se sont empressés de s’en prendre au commandementde l’ANP n’a pas surpris les observateurs qui connaissent bien les liens organiques de ces partis avec les réseaux de l’ex-DRS dissous. Depuis plusieurs semaines, les services français qui avaient anticipé le positionnement du commandement de l’ANP ont été chargés, avec la collaboration des services marocains, d’une campagne de désinformation et de déstabilisation de l’armée algérienne pour l’écarter du processus de transition. En effet, la France ne peut espérer peser sur cette transition en vue de favoriser l’arrivée au pouvoir des élites à sa botte que si l’état-major de l’ANP est neutralisé.
Certes, le fait que le peuple continue de réclamer le départ du régime montre clairement que le recours à l’article 102 n’est pas suffisant mais cela on le savait déjà. Le commandement de l’ANP sera appelé dans les prochains jours à prendre d’autres décisions plus fortes à la hauteur des attentes populaires. Mais s’il y a une chose que tout observateur honnête a dû remarquer lors de ces manifestations, c’est que la tentative des partis de la mouvance franco-berbériste de pousser les manifestants à s’en prendre au chef de l’armée algérienne a lamentablement échoué. Quelques jeunes ont essayé de lancer des cris allant dans ce sens à Alger mais ils ont vite été étouffés par des cris autrement plus nombreux et plus forts appelant à la fraternisation entre le peuple et l’ANP. Dans plusieurs wilayas, les manifestants ont brandi des pancartes et crié des slogans en faveur de l’ANP et ont dénoncé ceux qui se sont attaqués à cette institution, garante de l’indépendance et de la souveraineté du pays. Bien-sûr, les médias français, qui prennent leur désir pour la réalité, ont préféré mettre en avant les manifestants, largement minoritaires, qui reprenaient les mots d’ordre du FFS et du RCD et brandissaient le drapeau berbériste et le portrait de Matoub Lounès, alors qu’ils passent sous silence les slogans antifrançais et la forte présence des drapeaux palestiniens aux côtés du drapeau algérien.
Mustapha Senhadji