L’économiste Ishak Kharchi : comment l’Algérie compte-t-elle financer son budget de 2023 ?

18.11.2022. Le projet de loi de finances pour l’année 2023, doté d’un budget colossal d’environ 102 milliards de dollars, pose une question importante sur les sources de financement auxquelles le gouvernement algérien recourra pour couvrir le déficit budgétaire, qui dépassera les 42 milliards de dollars.

Dans ce contexte, l’économiste algérien Ishak Kharchi, a estimé dans une déclaration au quotidien arabophone Echorouk que l’allocation d’un budget énorme par le biais du projet de loi de finances pour l’année à venir répond aux exigences de l’étape, qui impose davantage de dépenses, parallèlement à l’orientation générale de l’Etat algérien, marquée par sa volonté d’adhérer au groupe des « BRICS ». Cela signifie que le produit intérieur brut doit être relevé, ajoutant qu’ « il n’est pas possible d’adhérer à cette organisation sans relancer les investissements. Pour l’économiste, cet énorme budget se reflétera positivement sur le taux de croissance, qui doit être écrit à deux chiffres dans les années à venir, pour atteindre 10%.

D’autre part, Kharchi affirme que les conditions sociales aujourd’hui, en Algérie, exigent plus de dépenses, ce qui a imposé une augmentation du budget de gestion, notamment la masse salariale, à travers le projet de loi de finances pour l’année 2023, en expliquant que cela correspond à l’engagement pris par le président Tebboune d’augmenter les salaires, les allocations chômage et les retraites suite à l’augmentation des revenus pétroliers. L’augmentation des salaires sera favorable à l’augmentation de la production intérieure brute dans la mesure où elle aura un effet d’entraînement sur la consommation des ménages. Le déficit budgétaire qu’on peut craindre dans cette situation n’affectera pas le niveau de croissance, dans la mesure où celui-ci est affecté par la baisse du pouvoir d’achat du citoyen. La chose la plus importante, dit Kharshi, est l’investissement, l’encouragement de la consommation et la levée du gel des projets industriels.

En ce qui concerne la question pertinente « D’où l’État tirera-t-il l’argent pour couvrir l’énorme budget? », l’expert dit qu’il y a cinq options qui s’offrent à lui, qui sont : les réserves de change, qui ont connu une augmentation significative de ces derniers mois même si l’économiste ne s’attend pas au recours à cette solution. Les revenus élevés du pétrole et du gaz pourraient servir à renflouer directement les caisses de l’Etat. La possibilité de recourir aux bons du trésor, c’est-à-dire à la dette interne pour financer les investissements et et les dépenses publiques, les revenus élevés de la fiscalité pétrolière et ordinaire et enfin les revenus attendus des exportations hors hydrocarbures, qui atteindront l’année prochaine les 10 milliards de dollars (Algérie solidaire)