L’EI exporte la guerre chez ses ennemis

Après l’explosion de l’avion russe au-dessus du Sinaï dont il n’est plus permis de douter qu’il s’agit bien d’un attentat à la bombe, le double attentat suicide de Beyrouth dans un fief du Hezbollah libanais et les attaques de la nuit dernière qui ont ensanglanté Paris, il ne fait plus de doute que l’organisation autoproclamée « Etat islamique » semble se diriger vers une nouvelle stratégie qui consiste à « punir » ses ennemis chez eux. Auparavant, cette organisation a menacé de recourir à ce genre d’actions pour punir ses ennemis qui font partie de la coalition internationale anti-EI en Syrie.

Selon les observateurs, cette nouvelle stratégie de la terreur choisie par cette organisation s’expliquerait également par les revers militaires subis par cette organisation récemment en Syrie et en Irak à la suite notamment de l’augmentation de la pression aérienne des forces de la coalition internationale et de la Russie. Couverts par l’aviation américaine et avec l’aide de conseillers militaires US, des miliciens kurdes viennent de reprendre le contrôle de la ville stratégique de Sinjar en Irak. Par ailleurs, les bombardements de l’aviation russe ont permis à l’armée de Bachar Al Assad de reprendre le contrôle de plusieurs localités. Les dernières attaques terroristes contre un avion russe en Egypte, contre un fief du Hezbollah à Beyrouth et à Paris s’inscrivent dans une logique de riposte de cette organisation et de déplacement des centres d’affrontement.

La nouvelle stratégie suivie par l’EI risque de créer beaucoup de problèmes à ses adversaires tant que l’activité de cette organisation continue de s’alimenter des contradictions non résolues en Syrie et en Irak, contradictions que l’interventionnisme imprudent des puissances occidentales et de leurs alliés (Turquie, Qatar, Arabie Saoudite, EAU ), quand il ne s’agit pas purement et simplement de manipulation, n’a fait qu’aggraver au lieu de surmonter. Les interventions de la coalition pro-occidentale et de la Russie en Syrie paraissent poursuivre le même objectif (l’élimination de l’EI) mais dans la réalité, selon plusieurs experts, les cibles visées par les uns et les autres ne sont pas toujours les mêmes, ce qui risque d’être exploité sur le terrain par l’EI. Par ailleurs, les pressions exercées sur l’EI en Syrie et en Irak risquent de pousser cette dernière à déplacer certains de ses contingents en Afrique du nord et de l’est. C’est ce qui explique la mobilisation, ces dernières semaines, de plusieurs milliers de soldats de l’armée algérienne à la frontière avec la Libye en vue de parer à toute infiltration terroriste.