L’erreur impardonnable de Ramtane Lamamra
Le nouveau vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, occupe une place particulière dans la stratégie du système qui cherche à se succéder à lui-même à travers des artifices politiques grossiers. Pour les observateurs, c’est essentiellement la proximité de ce diplomate avec les capitales occidentales qui a joué en faveur de sa nomination à ce poste clé alors qu’il était en disgrâce il y a encore quelques semaines.
La mission de Ramtane Lamamra est claire : il s’agit de « vendre » aux capitales occidentales la feuille de route du clan Bouteflika. Mais dans un contexte marqué essentiellement par la montée de la contestation populaire contre le régime -dont le président Bouteflika n’est qu’un symbole-, les observateurs attendaient mieux d’un personnage réputé être un « diplomate chevronné » rompu à la gestion des crises et des conflits. La première chose dans ce genre de missions est d’écouter toutes les parties. Or, c’est ce que Ramtane Lamamra a semblé oublier. Au lieu de s’adresser d’abord au peuple algérien qui est descendu dans la rue pour exprimer sa volonté de changement, M. Lamamra a préféré consacrer sa première intervention publique à une chaîne de télévision française.
Le geste de M. Lamara n’est pas passé inaperçu. Des observateurs l’ont interprété comme une sorte de mépris pour l’opinion publique algérienne. En décidant de s’adresser d’abord à une chaîne française, M.Lamamra a montré qu’il était plus soucieux de la position des dirigeants français que de l’opinion de son propre peuple. Pour les observateurs, il ne s’agit pas là d’une simple erreur de communication mais d’une véritable faute politique qui montre à quel point les élites dirigeantes algériennes sont coupées de leur société. Ce n’est pas un hasard si la jeunesse algérienne ne les écoute plus et exige désormais leur départ pur et simple et leur remplacement par de nouvelles élites plus compétentes et plus représentatives.
Mustapha Senhadji