Les Algériens attendent impatiemment le retour du président de la république
Depuis sa dernière apparition sur une vidéo diffusée à partir de son compte Twitter il y a 15 jours, les Algériens n’ont plus vu leur président. Selon des communiqués diffusés ces derniers jours par la présidence de la république, le président Abdelmadjid Tebboune aurait reçu des messages de la part de plusieurs chefs d’Etat qui lui expriment leur sympathie à la suite de son rétablissement mais aucune information n’a filtré sur le prochain retour du président en Algérie. Cette situation ne manque pas d’inquiéter les citoyens qui ont pourtant été soulagés de voir le président il y a deux semaines. Outre la promulgation du texte de la nouvelle Constitution, la signature de la loi des Finances 2021 par le président de la république devrait normalement avoir lieu avant la fin de l’année. L’inquiétude des Algériens est aggravée par les rumeurs qui circulent sur la toile et qui font état de tentatives émanant de certains cercles influents au pouvoir en vue de pousser le président de la république à la démission en raison de son état de santé.
En effet, des sources vont jusqu’à affirmer que l’apparition du président a été précipitée par le fait qu’au cours d’une réunion au Ministère de la défense nationale, il a été question pour la première fois depuis l’hospitalisation du président en Allemagne d’activer l’article 102 de la Constitution qui prévoit la « vacance du pouvoir présidentiel » en raison de l’incapacité du président à exercer ses fonctions. Le fait que les dirigeants algériens ne veulent plus vivre la situation qui a prévalu auparavant sous l’ère Bouteflika, quand les prérogatives du président de la république avaient été détournées durant des années par son entourage familial dans le cadre d’une gouvernance parallèle qui avait mis sur la touche les institutions constitutionnelles, n’est pas en soi une mauvaise chose. Il reste cependant à s’assurer que tel est bien le cas avant de saisir le Conseil constitutionnel qui doit statuer sur la capacité du président à continuer ou non dans sa fonction sur la base d’un dossier médical pertinent. Sinon, le doute peut s’installer dans l’esprit des citoyens surtout dans la situation actuelle marquée par une grande méfiance de l’opinion publique nationale à l’égard de tout ce qui émane du pouvoir en place.
Certaines voix n’hésitent pas à annoncer la prochaine instauration d’un Conseil présidentiel dans ce qui s’apparente à un « coup d’Etat » blanc maquillé par une décision du Conseil constitutionnel mais ce risque est très improbable ne serait-ce que parce qu’une telle solution rappellera aux Algériens le « Haut Conseil d’Etat » de sinistre mémoire instauré au lendemain du coup d’Etat du 11 janvier 1992. Même s’il décide de faire appel au concours du duo Nezzar/Toufik, le commandement militaire se contentera le cas échéant de suivre la procédure prévue par la Constitution dans pareilles circonstances et sera obligé d’organiser une élection présidentielle dans les 45 jours qui suivront la démission du président de la république. Si le général Toufik devait réellement être appelé à jouer un rôle dans la recomposition politique qui s’annonce comme le suggèrent certaines sources, il n’est pas exclu qu’il conseille au commandement de garder le président Tebboune à la condition de bien verrouiller la présidence de la république. Cette dernière solution qui a le mérite de sauver les apparences serait la moins coûteuse sur les plans politique et diplomatique. Avec ou sans Toufik, c’est sans doute la solution que le conseiller sécuritaire du président Tebboune, le général-major Mansour Benamara dit Hadj Redouane, défendra logiquement auprès des chefs de l’armée. Si les choses se passent selon ce dernier scénario, il ne faut pas s’étonner d’assister au retour du président Tebboune dans les prochains jours. Rappelons-nous que ce qui compte vraiment dans la présente conjoncture, c’est la stabilité de l’Etat algérien et de ses institutions.
Mohamed Merabet