Les Algériens refusent l’ingérence étrangère
S’il y a bien quelque chose sur laquelle le pouvoir et le peuple semblent d’accord ces derniers jours, c’est le rejet unanime de toute ingérence étrangère dans les affaires algériennes. Le vice-ministre et ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, vient de le rappeler dans une conférence de presse : l’Algérie refuse toute ingérence étrangère dans ses affaires. M. Lamamra n’a cité aucun pays en particulier mais les observateurs ont tout de suite pensé aux capitales étrangères(Paris, Bruxelles, Washington) qui se sont exprimées récemment pour appeler le gouvernement algérien à respecter le droit de manifester. Le président français qui a exprimé son soutien à la « feuille de route » du président Bouteflika a émis le souhait de voir s’installer un régime démocratique en Algérie avec « l’accompagnement de la France ».
Lors des manifestations impressionnantes du vendredi dernier, les Algériens descendus dans la rue n’ont pas hésité à crier des slogans et à agiter des banderoles qui dénoncent ouvertement les ingérences étrangères dans ce qu’ils considèrent être une « affaire de famille ». La France a été particulièrement visée par les manifestants qui lui reprochent notamment le soutien au régime moribond de Bouteflika et sa volonté de perpétuer son hégémonie politique, économique et culturelle en Algérie. Les Etats-Unis ont également été visés quoique dans une moindre mesure. Même les Emirats arabes unis (EAU) ont été l’objet de dénonciation par plusieurs manifestants.
Les jeunes activistes algériens qui sont généralement indépendants de tout parti savent que leur mouvement peut être la proie d’infiltrations diverses : services de sécurité algériens, résidus de l’ex-DRS dissous, réseaux de l’ex-FIS dissous, partis politiques de toutes tendances et enfin services étrangers qui agissent souvent sous la couverture d’ONG et d’associations humanitaires. Les partis algériens aussi bien ceux dits « islamistes » que ceux dits « démocrates » sont discrédités en raison de leur opportunisme passé. Mais aussi à cause de leurs liens supposés avec l’étranger : les partis « démocrates » passent pour être liés aux intérêts français, les Frères musulmans sont réputés pour leurs liens avec la Turquie et le Qatar.
Mustapha Senhadji