Les Algériens toujours aussi déterminés à en finir avec le système
Pour le cinquième vendredi consécutif, les Algériens sont descendus dans la rue sur l’ensemble du territoire national pour dire non à la « feuille de route » du pouvoir. En refusant massivement toute prolongation du quatrième mandat du président Bouteflika, les Algériens envoient un message clair : ils refusent les manœuvres du pouvoir qui cherche à se succéder à lui-même et réclament un changement de système comme en témoignent leurs slogans contre les figures les plus impopulaires du régime à commencer par le frère du président, Saïd Bouteflika. Les hommes d’affaires qui gravitent autour des Bouteflika, à l’instar de Ali Haddad et Réda Kouninef, n’ont pas été ménagés par les manifestants.
Le mouvement populaire continue également d’attirer l’attention des observateurs par sa grande richesse et variété. Au-delà de la revendication commune, à savoir le changement du régime, des slogans particuliers continuent de distinguer certaines wilayas. Si à Bouira et Béjaïa, le drapeau berbériste continue de côtoyer le drapeau national, nous avons remarqué qu’à Tizi Ouzou le drapeau national était présent en force comme si les habitants de cette wilaya ont voulu se démarquer des appels à l’autonomie et au fédéralisme lancés récemment par des activistes kabyles, à l’instar de Mokrane Aït Larbi. Dans la capitale et dans plusieurs wilayas de l’est, de l’ouest et du sud du pays, les manifestants continuent de brandir fièrement le drapeau palestinien aux côtés du drapeau national.
Les manifestations impressionnantes du vendredi 22 mars ont également montré que le peuple algérien ne se laisse pas tromper par le comportement opportuniste des anciens serviteurs zélés du pouvoir qui changent aujourd’hui de veste et font semblant de rejoindre la contestation populaire. Les noms des dirigeants des partis de la coalition présidentielle qui ont fait des déclarations dans ce sens ont été conspués par les manifestants. Contrairement à la classe poloitique qui a perdu tout crédit aux yeux des manifestants, l’ANP continue de bénéficier d’une grande sympathie populaire. Les manifestants qui n’hésitent pas à crier « echaab eldjeich khaoua khaoua ! » semblent attendre beaucoup de cette institution pour sortir le pays de l’impasse actuelle.
Mustapha Senhadji