Les propos d’Ouyahia sur l’immigration africaine créent la polémique
Les propos malheureux d’Ahmed Ouyahia sur l’immigration africaine ont suscité un tollé au sein de certains partis et associations. Pour rappel, Ahmed Ouyahia a eu des propos déplacés lorsqu’il a voulu attirer l’attention des pouvoirs publics sur les groupes maffieux qui exploitent la souffrance des migrants africains pour en faire une source de trafic juteux qui met en danger la sécurité nationale. Si le président de la commission consultative pour la promotion des droits de l’Homme, Farouk Ksentini a déclaré partager les positions d’Ahmed Ouyahia, plusieurs partis et associations ont vigoureusement condamné les propos du secrétaire général du RND. Le RCD et le MSP ont dénoncé des propos qu’ils qualifie de scandaleux. Le FFS a appelé à une prise en charge sérieuse de ce dossier dans le cadre des conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Le parti TAJ a mis en garde contre le fait que de pareils propos risquent de ternir l’image internationale de l’Algérie. Même le FLN s’est montré distant par rapport aux propos du secrétaire général du RND;
De son côté Amnesty International Algérie a qualifié les propos d’Ahmed Ouyahia de « choquants et scandaleux ». L’ancien diplomate et ministre de la communication, Abdelaziz Rahabi, a dénoncé ce qu’il a appelé « un délire de nouveaux riches désargentés », critiqué le manque d’anticipation du gouvernement algérien face à un problème de nature régionale et a appelé à une politique solidaire avec les pays voisins du Sahel. Le journaliste Faycal Métaoui a considéré, pour sa part, que les propos d’Ahmed Ouyahia dénotent un positionnement politique en vue de satisfaire les puissances étrangères qui aimeraient voir l’Algérie jouer un rôle de gendarme régional capable d’arrêter le phénomène migratoire qui les dérange. Pour le journaliste algérien, Ahmed Ouyahia cherche à donner des gages à d’éventuels parrains extérieurs dans le cadre de son ambition présidentielle. Après s’être présenté dans la peau d’un adversaire implacable des islamistes, il veut désormais montrer qu’il sera très ferme dans la gestion du phénomène migratoire au risque de passer pour un homme politique proche des partis xénophobes d’extrême-droite qui ont le vent en poupe en Europe.
Suite à ces critiques, le porte-parole du RND, Seddik Chihab, a répondu en affirmant qu’il s’agissait d’une affaire de « souveraineté » nationale, ajoutant que « ce n’est pas Amnesty qui va nous dicter notre conduite ». Pour le porte-parole du RND, l’Algérie a toujours été un « pays d’accueil et d’hospitalité » et a toujours « assumé ses responsabilités vis-à-vis des Africains et de l’Afrique », mais lorsqu’il est question d’immigration clandestine « il y a les lois de la République qui s’appliquent ». « Le Secrétaire général a alerté l’opinion publique sur un certain nombre de dépassements qui peuvent engendrer des troubles à l’ordre public […] Il a également rappelé un certain nombre d’éléments qu’il faut assumer », a déclaré M. Seddik Chihab. Le même responsable a affirmé que « le RND s’inscrit dans la démarche des pouvoirs publics et les incite à encadrer, au mieux, ce fléau et atténuer le drame et le désarroi de ces migrants sur le plan réglementaire ». Le porte-parole du RND conclut en rappelant que ce n’est pas « Amnesty International qui va nous dicter ce que nous devons faire […] Nous, on s’inscrit dans les valeurs universelle et l’Algérie l’a toujours prouvé ».