Les services français et turcs à la manoeuvre
Ce qui se passe actuellement en Algérie ne peut laisser indifférentes les puissances internationales et régionales qui cherchent à préserver et/ou à étendre leur influence dans la région de l’Afrique du nord. La France qui a d’énormes intérêts économiques et stratégiques à protéger en Algérie suit de près ce qui s’y passe et cherche à peser sur les évènements en soutenant ouvertement la « feuille de route » du pouvoir algérien au risque de se discréditer un peu plus aux yeux de l’opinion publique algérienne.
Pour tenter de contrecarrer le mouvement de révolte de la jeunesse algérienne qui semble contrarier leur stratégie et leurs ambitions hégémoniques, les services français cherchent à le discréditer en faisant circuler sur les réseaux sociaux des informations alarmistes sur une soi-disant manipulation du mouvement par les services secrets turcs. Le site lié aux services français, Maghreb Intelligence tire la sonnette d’alarme: « La Turquie et le Qatar sont en train de miser énormément sur un scénario qui oblige les Bouteflika à quitter précipitamment le pouvoir pour céder de la place à de nouveaux acteurs qui arrangent leur agenda. Les services turcs jouent dans ce sens un rôle très important pour encourager la mouvance islamiste du MPS de Mokri et d’autres réseaux dans le milieu des affaires et associations religieuses pour occuper la rue algérienne, la structurer et la récupérer politiquement. Un rapport détaillé des services secrets français a mis en valeur le rôle du lobbying turc dans ce sens« . Le site français conclut : « Paris a tiré la sonnette d’alarme et voit d’un très mauvais oeil l’implication des alliés d’Erdogan dans la crise algérienne. Ces réseaux turcs veulent encourager un changement politique qui est défavorable à la France de Macron. Et Paris refuse de se laisser faire. »
Bien-sûr, le site français passe sous silence le jeu des services français qui ne doivent pas chômer ces derniers jours en Algérie même si leur tâche semble s’avérer de plus en plus difficile dans la mesure où leurs jokers dans le camp « démocratique », en dehors de la Kabylie, sont complètement isolés dans la société algérienne. Les observateurs au fait de la situation sécuritaire algérienne se veulent plutôt rassurants. Il ne serait pas étonnant que les services turcs et qataris cherchent à infiltrer le mouvement populaire pour tenter de l’influencer dans le sens de leurs intérêts. Les services de sécurité algériens ne dorment pas. Par ailleurs, les jeunes militants algériens ne sont pas dupes. Ils savent que dans un mouvement aussi diversifié, il y a de tout et c’est pourquoi ils restent très prudents et ne se laissent pas détourner de leurs principales revendications sans jamais rater l’occasion de dénoncer les ingérences étrangères d’où qu’elles viennent.
Mustapha Senhadji