L’Etat algérien s’implique dans la célébration du nouvel an amazigh
Les célébrations du nouvel an amazigh Yennayer 2967 seront marquées cette année par un riche programme de festivités, impliquant « plusieurs secteurs ministériels », et des caravanes culturels qui sillonneront une dizaine de villes du pays, du 11 au 16 janvier, a indiqué lundi à Alger le secrétaire général du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA), Si El Hachemi Assad. S’exprimant lors d’un point de presse, Si El Hachemi Assad a annoncé plusieurs représentations musicales, conférences, expositions, et un petit salon du livre, au programme de ces célébrations qui impliquent cette année, entre autres, « les secteurs de la Culture, de l’Education nationale et de la Jeunesse et des sports en plus des collectivités locales et la protection civile ». Cette « large mobilisation » pour Yennayer 2967 dénote selon Si El Hachemi Assad d’un « réveil identitaire » du citoyen algérien qui s’est « réconcilié avec son histoire ». Le lancement des célébrations est prévu à Alger avec des expositions de livres, d’artisanat et d’art culinaire, des spectacles musicaux, en plus d’une rencontre autour des « connaissances historiques sur la célébration de Yennayer » et d’une parade des éléments de la protection civile. Les caravanes culturelles se dirigeront le 11 janvier vers Béni Snous à Tlemcen, Touggourt (Ouargla), Batna, Guelma, Béjaïa, Sétif et Tissemsilt où des programmes de célébration sont prévus jusqu’au 16 janvier en partenariat avec les collectivités locales, les centres culturels et le mouvement associatif. Un cours sur la fête de Yennayer sera dispensé dans toutes les écoles du pays qui accueilleront également des activités de célébration du nouvel an amazigh, a-t-il encore précisé.
En collaboration avec l’association culturelle « Numidya » un « festival Yennayer » prévoyant des rencontres thématiques, des représentations artistiques, des cours de Tamazight et des expositions sont également prévus de 10 au 14 janvier à Oran. Le secrétaire général du Hca a également annoncé la signature, le 11 janvier, d’un partenariat avec Algérie Poste pour l’utilisation du Tamazight dans cette entreprise et l’émission de timbres postaux en Tamazight. Evoquant le programme du Hca pour l’année 2017, Si El Hachemi Assad a annoncé l’élaboration d’un programme pour célébrer le centenaire de la naissance de l’écrivain, anthropologue et linguiste Mouloud Mammeri (1917-1989) avec, entre autres, la réédition et la traduction vers le Tamazight de ces oeuvres, des colloques et un festival dédié à l’Ahalil à Timimoun. 2017 sera également « l’année de la formation continue » des enseignants de Tamazight, des greffiers du secteur de la justice et des journalistes exerçant en Tamazight, a-t-il indiqué, en plus de la participation à « l’amazighisation de l’environnement » par l’usage de concept signalétiques proposés par le Hca qui a choisi Béjaïa comme wilaya pilote de ce projet. Le SG du Hca a aussi évoquer la « finalisation prochaine du projet » du Centre national de recherche en langue et culture Amazighes à Béjaïa et un « travail avec les différents secteurs » pour finaliser les textes juridiques afin d’assoir l’académie de la langue Amazigh annoncée en 2016.
L’implication de l’Etat algérien dans la célébration d’un évènement connu traditionnellement comme une fête populaire agraire ne suffit visiblement pas au courant berbériste qui en demande toujours plus. C’est ainsi qu’emboitant le pas au président de la Fondation colonel Amirouche, Noredine Aït Hammouda, le FFS et le RCD vienentt de lancer un appel pour l’officialisation de Yennayer comme fête nationale. Les observateurs restent mitigés sur cette implication croissante des structures de l’Etat algérien dans les célébrations de Yennayer, des célébrations dont les principaux acteurs ne cachent guère leurs véritables motivations tendant à mettre en cause l’appartenance de l’Algérie à la civilisation arabo-musulmane dans le cadre d’un plan à caractère géopolitique évident. Par ailleurs, de nombreux intellectuels algériens s’étonnent que l’Etat algérien accorde un crédit démesuré à une imposture culturelle qui n’a aucun fondement historique sérieux. (Lire dans notre rubrique Débats l’article consacré au mythe de Yennayer par Abdelkader Dehbi, un intellectuel et blogueur algérien engagé)