Malgré les promesses du pouvoir, les manifestations continuent
Désormais, le doute n’est plus permis. Les promesses du pouvoir et le remplacement d’Ahmed Ouyahia par des figures du système, Nourredine Bedoui et Ramtane Lamamra, n’ont pas suffi à ramener le calme. Si dans la soirée du lundi à mardi, les Algériens sont descendus dans la rue pour célébrer ce qu’ils ont estimé être une première victoire, le lendemain, ils étaient des milliers à reprendre leur marches pour réclamer le départ du régime.
Les premières réactions sur les réseaux sociaux dans la nuit du lundi à mardi ont montré que les jeunes Algériens étaient divisés entre ceux qui ont vu dans le report de l’élection une victoire et ceux qui y ont vu une manoeuvre pour gagner du temps. Mais dès le lendemain, les choses ont commencé à paraître plus claires pour de nombreux jeunes. Les observateurs estiment qu’en saluant très tôt les décisions du président Bouteflika, les dirigeants français ont joué bien involontairement un rôle dans la prise de conscience des jeunes Algériens qui ont vite compris que le système cherchait à se succéder à lui-même avec la complicité active de la France.
Les jeunes Algériens qui restent sur leur faim expriment leur méfiance vis-à-vis des figures qui ont été nommées à la tête du gouvernement qui sera chargé de veiller au bon déroulement de la transition. Nourredine Bedoui passe pour être un pion de Nacer Bouteflika. Ramtane Lamamra est un diplomate connu pour sa proximité avec les capitales occidentales. Par ailleurs, son passage par le secrétariat général du Ministère des affaires étrangères a laissé de tristes souvenirs. Son népotisme dans les nominations des diplomates à l’étranger lui a valu d’être limogé par le président Bouteflika. Les jeunes veulent de nouvelles têtes qui n’ont jamais fait partie du système, des personnalités intègres et compétentes à l’écoute du peuple, et non pas des technocrates imposés par les clans oligarchiques et les capitales étrangères.
Mustapha Senhadji