Manifestations nocturnes dans plusieurs wilayas en soutien à l’ANP
Des centaines de manifestants sont sortis hier soir dans la rue dans la capitale et dans plusieurs autres wilayas pour exprimer leur soutien à l’ANP après que cette dernière ait rendu public un communiqué dans lequel elle appelle à l’application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution. Pour rappel, les citoyens avaient réclamé l’application de l’article 7 de la Constitution lors des manifestations gigantesques du vendredi 29 mars. L’article stipule en effet que le peuple est la source du pouvoir légitime. En insistant sur l’application des articles 7,8 et 102 de la Constitution, l’ANP a compris le message du peuple qui ne réclame pas seulement le retrait du président Bouteflika mais de tout le régime corrompu avec tous ses symboles.
Pour les observateurs, ces manifestations de la jeunesse algérienne constituent une première réponse aux forces qui cherchent à semer la division entre le peuple et l’armée dans le but de précipiter le pays dans le chaos, prélude à l’intervention étrangère. Les forces hostiles à l’ANP prétendent s’opposer à ce qu’elles appellent un « coup d’Etat militaire » mais dans les faits elles sont alliées au clan Bouteflika qui ne veut pas quitter le pouvoir avant de le laisser à ses amis et ce, avec le soutien de la France. Pour les observateurs qui suivent de près les évènements qui s’accélèrent en Algérie, ces manifestations constituent un moment capital dans le développement du mouvement populaire appelé à connaître des décantations importantes dans les prochains jours.
Les forces politiques liées à ce qu’on appelle le « pouvoir parallèle » risquent d’être isolées au sein du mouvement populaire. Leurs slogans hostiles au chef de l’armée n’ont pas trompé beaucoup de gens lors des manifestations du vendredi dernier. L’explication des observateurs est simple : Les militants n’ont pas la mémoire courte. Les gens du RCD qui dénoncent aujourd’hui ce qu’ils appellent un « coup d’Etat » ont été les premiers à réclamer l’intervention de l’armée contre la volonté populaire en janvier 1992. Quant au FFS, actuellement en proie à une grave crise interne, il a toujours été un parti hostile à l’armée algérienne et n’a pas hésité à réclamer l’internationalisation de la crise algérienne durant les années 90. En outre, en reprenant à leur compte la méfiance des capitales occidentales à l’égard de l’armée algérienne, ces partis, dont l’audience ne dépasse guère la Kabylie, risquent de s’isoler encore plus en Algérie.
Mustapha Senhadji