Mise au point de la Banque d’Algérie sur les réserves de change
Dans une récente étude, la Banque mondiale a estimé que les réserves de change de l’Algérie pourraient baisser jusqu’à 60 milliards de dollars fin 2018. La Banque d’Algérie n’est pas d’accord avec ce pronostic et l’a fait savoir dans un communiqué officiel. « Le rapport de la Banque Mondiale (BM) sur la région Mena situant le montant des réserves de change de l’Algérie, à l’horizon 2018, à 60 milliards de dollars paraît quelque peu alarmiste et ne reposant pas sur des hypothèses probantes », a indiqué la Banque centrale algérienne. Sur la base des prévisions d’augmentation des exportations d’hydrocarbures en tonnes équivalent pétrole (tep) entre 2016 et 2018 et, couplées à une croissance des prix telle que prévue par le département de la recherche du FMI, la Banque d’Algérie prévoit » une croissance des exportations d’hydrocarbures en valeur sur cette même période ». Concernant les importations, la Banque a rappelé qu’elles ont connu une tendance baissière depuis début 2015, chutant de 11,8% (de 59,7 à 52,7 Mds USD), soit sept (07) milliards de dollars USD en moins, en 2015 par rapport à 2014. Cette courbe baissière s’est poursuivie au premier semestre 2016 avec une diminution de 11,2% par rapport à la même période.
Sur le plan des dépenses publiques, la même source a fait remarquer que les projections de la BM « semblent tabler sur une totale inertie et absence de réactivité des pouvoirs publics ». « Or, un des axes importants de la problématique du nouveau modèle de croissance fondé sur l’investissement marchand (et non plus la dépense publique), annoncée par les pouvoirs publics, est la consolidation budgétaire sur la période 2017 à 2020 », a-t-elle ajouté. Sur la base des données disponibles à fin juin 2016, le niveau des réserves de change est estimé, à fin 2016, à près de 122 milliards de dollars. Donc, les situer à 60 milliards de dollars en 2018 signifie « qu’elles vont baisser de 62 milliards de dollars en deux ans, soit 31 milliards de dollars de déficit annuel moyen du solde global de la balance des paiements. Ce qui paraît totalement improbable », a relevé la Banque d’Algérie, ajoutant que durant l’année 2016 où le prix du pétrole a été le plus faible, le déficit estimé de la balance des paiements sera inférieur à celui de 2015 (27,5 mds USD).
La mise au point de la Banque d’Algérie ne semble pas avoir convaincu les observateurs. Si le pronostic de la BM est légèrement exagéré, les observateurs se demandent quelle est vraiment la différence entre un déficit de 31 milliards USD et un déficit de 27,5 milliards USD. Selon les observateurs, si les réserves de change ne risquent pas d’atteindre les 60 milliards USD prévus par la BM, au rythme actuel des déficits, elles ne risquent pas de dépasser les 70 milliards USD à la fin 2018. Au-delà de cette querelle des chiffres, le problème de fond reste le même : l’Algérie risque la faillite dans quelques années si elle ne prend tout de suite pas des mesures économiques urgentes.