Mise au point du collectif Algérie solidaire suite à l’affaire de Radio M

De nombreux lecteurs et amis nous ont interpelés au sujet de l’affaire de l’arrestation du journaliste El Kadi Ihsane et de la mise sous scellés des locaux de Radio M. Pour rappel, dans notre communiqué daté du 27 décembre nous avons tenu à réagir à ce qui nous a semblé une arrestation arbitraire d’un journaliste et la fermeture d’une radio libre sans qu’aucune raison n’ait été avancée par une autorité officielle.

Ce n’est que le jeudi 29 décembre soit six jours après l’interpellation d’El Kadi Ihsane que le procureur de la république près le tribunal de Sidi M’hamed a rendu public un communiqué rappelant les accusations adressées au journaliste concerné. Le jour même, nous avons relayé le communiqué du procureur de la république comme nous avons relayé quelques jours auparavant le communiqué de la rédaction de Radio M. Nous sommes conscients que les accusations portées contre le directeur de Radio M et notamment la réception de fonds de l’intérieur et de l’extérieur en vue de commettre des actes attentatoires à la sécurité de l’Etat algérien sont graves même si nous préférons attendre que la Justice algérienne puisse avancer des preuves tangibles dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte. En attendant et même si nous nous gardons de nous ingérer dans le travail de la Justice algérienne, il faut toujours rappeler qu’un citoyen poursuivi par la Justice reste innocent jusqu’à son jugement.

Nous tenons à cette occasion à rappeler que le fait de dénoncer une quelconque restriction à la liberté de la presse ne signifie pas nécessairement que nous cautionnons la ligne éditoriale du média en question, à fortiori les activités à caractère politique dans lesquelles ce média pourrait s’engager. Nous tenons également à rappeler que nous n’accepterons jamais que la lutte pour la préservation des libertés, et notamment la liberté de la presse en Algérie, soit instrumentalisée par les médias mainstream français et leurs clones algériens contre l’Algérie comme c’est le cas actuellement avec la campagne médiatique orchestrée par des réseaux franco-algériens qui appartiennent à la mouvance social-démocrate et sioniste et à la mouvance berbériste. La sollicitude intéressée des médias français à l’endroit de Radio M a permis de dévoiler l’hypocrisie et le « deux poids, deux mesures » de ces médias qui s’offusquent de l’entorse à la liberté de la presse en Algérie et oublient que la France et ses comparses européens n’ont pas hésité à fermer purement et simplement les médias russes qui les dérangeaient (RT et Sputnik News). Le combat pour la liberté en Algérie est trop noble à nos yeux pour accepter de le salir avec le soutien de ces médias qui ont justifié et légitimé les guerres et les destructions de l’Empire dans plusieurs pays arabes et qui ferment les yeux devant les violations des droits humains et les campagnes racistes et islamophobes dans leurs pays.

Au-delà du dossier judiciaire du journaliste El Kadi Ihsane que nous nous garderons de commenter par manque d’informations fiables, nous tenons à rappeler les principes qui guident notre ligne éditoriale que nos lecteurs assidus connaissent bien :

  1. Nous défendons une information engagée au service de la vérité et d’une Algérie indépendante, souveraine, moderne, démocratique et sociale. C’est pourquoi quand le gouvernement algérien pose des actes allant dans ce sens, nous nous faisons un plaisir de le mettre en exergue et quand le même gouvernement nous déçoit et commet des actes répréhensibles, nous n’hésitons pas à le dénoncer sans surenchère mais avec détermination dans l’espoir de contribuer à la correction des erreurs dans un esprit constructif.
  2. Nous pensons sincèrement que l’autoritarisme paternaliste du régime algérien constitue un frein au développement des potentialités humaines de l’Algérie parce qu’il cultive l’infantilisation, la peur, l’arrivisme et la médiocrité au lieu de parier sur l’intelligence, la compétence et l’intégrité. C’est pourquoi notre journalisme militant se prononce ouvertement pour un changement démocratique pour permettre justement aux potentialités que recèle la soctété algérienne de s’exprimer et de participer activement au développement de l’Algérie.
  3. Le changement démocratique auquel nous aspirons est un changement pacifique et graduel qui ne doit jamais se confondre avec l’anarchie et le chaos que recherchent les partisans du vide constitutionnel. L’anarchie ne profite jamais au peuple. Elle sert toujours les arrivistes et les trafiquants qui ont amassé des fortunes indues et constituera un terrain favorable à une guerre civile qui finira par une intervention étrangère préjudiciable comme l’attestent les expériences tragiques de nombreux pays (Syrie, Libye)
  4. Le changement démocratique que nous appelons de tous nos voeux ne doit pas servir de cheval de Troie à ceux qui veulent anéantir les acquis du peuple algérien que sont l’indépendance et la souveraineté nationale et le caractère social de l’Etat algérien. La débureaucratisation et la libération des énergies ne passent pas nécessairement par la libéralisation que les institutions financières internationales veulent imposer en Algérie avec la complicité de la bourgeoisie compradore et des secteurs corrompus au sein de la bureaucratie algérienne.
  5. Le changement démocratique que nous défendons est un combat algéro-algérien et doit le rester. Si nous cultivons l’esprit de la solidarité internationale désintéressée, nous refusons, en revanche, toute compromission avec des organismes publics ou privés internationaux qui sont généralement des paravents pour des puissances étrangères désireuses de changer le régime algérien non pour le meilleur mais pour le pire.

Algérie solidaire, le 31 décembre 2022