Niger : L’armée affirme avoir renversé le président Bazoum mais ce dernier continue de résister

27.07.07.2023. Après avoir séquestré le président Mohamed Bazoum durant toute la journée de mercredi, la garde présidentielle a visiblement eu le soutien de l’armée pour renverser le régime. Les militaires putschistes ont annoncé dans la soirée de mercredi à jeudi l’instauration d’un « Conseil national pour la sauvegarde de la patrie ».

Entouré de plusieurs officiers supérieurs de l’armée, le colonel major Amadou Abdramane a annoncé dans une déclaration à la télévision nationale, au nom d’un « Conseil national pour la sauvegarde de la patrie » (CNSP), avoir renversé le régime de Mohamed Bazoum. « Nous, forces de défense et de sécurité, réunis au sein du CNSP, avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez », celui du président Bazoum. « Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale », a-t-il ajouté. Le colonel Amadou Abdramane a affirmé « l’attachement » du CNSP au « respect de tous les engagements souscrits par le Niger », rassurant également « la communauté nationale et internationale par rapport au respect de l’intégrité physique et morale des autorités déchues conformément aux principes des droits humains ».

Le porte-parole des putschistes a également soutenu que « Toutes les institutions issues de la 7e République sont suspendues, les secrétaires généraux des ministères se chargeront de l’expédition des affaires courantes, les forces de défense et de sécurité gèrent la situation, il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s’ingérer ». Par ailleurs, « les frontières terrestres et aériennes sont fermées jusqu’à la stabilisation de la situation » et « un couvre-feu est instauré à compter de ce jour de 22 heures à 5 heures du matin, sur toute l’étendue du territoire jusqu’à nouvel ordre ». Alors que durant la journée de mercredi, un flou entourait la position de l’armée sur laquelle le président Bazoum et ses proches ont visiblement compté pour renverser le cours des évènements, il semble qu’elle ait finalement choisi le camp de la garde présidentielle, à moins que tout cela faisait partie d’un scénario concocté dès le départ pour gagner du temps et permettre aux unités de l’armée de rejoindre la capitale en toute sécurité.

De son côté, le président Mohamed Bazoum, toujours séquestré par les putschistes, continue de résister. «Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront» a-t-il affirmé dans une déclaration publiée sur Twiter. «Nous sommes les autorités légitimes et légales», a déclaré sur France 24, Hamoudi Massoudou, chef de la diplomatie nigérienne et chef du gouvernement par intérim en l’absence du Premier ministre qui était en déplacement au moment du putsch. «Il y a eu une tentative de coup d’Etat», mais «ce n’est pas la totalité de l’armée qui a engagé ce coup d’Etat», a assuré M. Massoudou, depuis Niamey. «Nous demandons à ces officiers factieux de rentrer dans les rangs. Tout peut s’obtenir par le dialogue mais il faut que les institutions de la République fonctionnent», a-t-il poursuivi. (Algérie solidaire)