Plaidoyer pour la réglementation de la presse électronique
Des spécialistes et des professionnels des médias ont souligné mercredi à Alger la nécessité de réglementer la presse électronique en élaborant des « textes assez claires » pour consacrer son développement dans le respect de l’éthique de la déontologie. Ils intervenaient, lors du premier atelier organisé par le ministère de la Communication intitulé « Presse électronique: réalité et perspectives ». Pour Belkacem-Ahcene Djaballah, journaliste et spécialiste des médias, il y a une « volonté de bien faire et d’impulser le changement » pour apporter des améliorations au paysage médiatique, surtout l’élaboration de textes « assez claires » qui embrassent toutes les parties de ce paysage, particulièrement en ce qui concerne l’information électronique. Ces textes de lois donneront aux sites électroniques un cadre réglementaire pour qu’on les assimile à des journaux , pour éviter ainsi la confusion, a-t-il poursuivi. De son côté, le journaliste Djamel Maafa a indiqué que la décision des pouvoirs publics d’organiser la presse électronique était « salutaire », parce que les avancées technologiques, le développement d’internet et surtout les contenus au niveau du digital contraignent l’Algérie à s’adapter et à être au diapason de ces évolutions, en défendant son propre contenu informationnel.
Pour M. Maafa, ceux qui auront à exercer ce métier doivent être des professionnels de la presse avec un respect scrupuleux de l’éthique et de la déontologie. Il a relevé que le grand problème des contenus sur internet consiste notamment en les « fake news », d’où la nécessité, selon lui, d’avoir des professionnels des médias pour s’assurer de la véracité de l’information avant de la diffuser. Le spécialiste des technologies de l’information, Younes Grar, a expliqué, pour sa part, que lorsqu’on parle de numérisation, de plate forme électronique, y compris les sites d’information en ligne, il y a deux choses qui doivent être réunies pour réussir ce genre d’activité. Il s’agit de régler les problèmes d’infrastructure et d’internet, sa disponibilité, le débit ainsi que le payement en ligne, car c’est une activité qui doit faire générer de l’argent, en permettant de vendre et de facturer en ligne.M. Grar a assuré qu’en Algérie, il n’y avait pas de problème technique, mais plutôt de volonté (politique), ajoutant que le problème est qu’on essaie de gérer une activité libre, qui évolue rapidement avec des mentalités « rétrogrades ». Laïd Zeghlami, spécialiste des médias, a estimé, lui, que la presse électronique était « un nouvel outil qui nous permet de s’accommoder avec la réalité mondiale, la numérisation », relevant que l’Algérie ne peut se permettre d’être à la marge de ces transformations.
Il a indiqué qu’il fallait un statut juridique pour ces entreprises de presse, mais également de la formation pour les journalistes, pour qu’ils fassent leur travail d’information, de service public, dans le respect de l’éthique et de la déontologie.
Pour Hacene Nait AMara, responsable du site Times Algérie, les difficultés pour les médias électroniques résidaient dans « ce statut qui n’existait pas », les poussant à travailler dans l’illégalité. « Il y a un début d’un travail, l’ouverture d’un chantier pour que la presse électronique acquiert son rôle dans le paysage médiatique », a-t-il dit. Le ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, Ammar Belhimer a relevé, à l’ouverture du séminaire, l’impératif d’accompagner et d’organiser la presse électronique afin de lui permettre de renforcer ses acquis dans ce domaine. Pour rappel, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait instruit, début février, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, à l’effet de procéder à la « régularisation de la situation juridique des journaux électroniques domiciliés en Algérie ». Ces médias seront traités « au même pied d’égalité » que la presse nationale écrite en matière de couverture des activités nationales et officielles et d’accès à la publicité publique, « et ce dans le strict cadre de la loi et de la déontologie de la profession », avait-il affirmé (APS)