Printemps arabes ? Mon œil ! Par Ghanem Bounakhla

 

kadhafiDéfiant les grandes puissances Mouammar Kadhafi a poussé le bouchon jusqu’à vouloir créer une nouvelle monnaie africaine d’échange commercial en remplacement à l’euro , au dollar et au franc CFA (franc des colonies françaises africaines) .Après l’accession à leur indépendance , la plus part des pays africains sont restés dans un ensemble monétaire homogène, dont le cadre institutionnel a été rénové et qui a été structuré par un système de change commun . Leurs devises sont des contrevaleurs à parité fixe avec l’euro, dont la valeur est garantie par le Trésor Public français, dans le cadre du traité de Maastritch . La zone franc africaine rassemble quatorze pays : le Benin , le Burkina Faso , la Cote d’Ivoire , la Guinée-Bissau , le Mali , le Niger , le Sénégal , le Togo , le Cameroun , la République centrafricaine , la République du Congo , le Gabon , la Guinée équatoriale , le Tchad .

Au-delà de sa mégalomanie, Kadhafi voulait entreprendre une véritable révolution économique : créer des Etats Unis d’Afrique pour aider les pays d’Afrique à sortir des griffes des pays « civilisés » et mettre un frein à leurs pillages et à leurs spoliations. Il mettait en péril un marché juteux et faramineux notamment de la France. Incriminé de « dictateur », il a été réglé sans délai et mis sur le compte du « printemps arabe libyen » ! La grosse couleuvre a été avalée sans gêne par un monde arabe inconscient et naif !

A ce propos, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’extasiait : « We came, we saw, he died », c’est-à-dire : « Nous sommes venus, nous avons vu, il mourut ! » paraphrasant approximativement le « Vini , vidi , vici» (Je suis venu , j’ai vu , j’ai vaincu) de Jules César . Elle aurait été mise au parfum par ses services de l’existence d’un trésor de 143 tonnes d’or et presque autant d’argent à Sebha dans le sud de la Libye. « Cet or était destiné à établir une monnaie panafricaine appuyée sur un dinar or libyen. Ce plan était destiné à offrir aux pays d’Afrique francophone une alternative au franc CFA ». Ceci faisait couler la salive de l’Occident et plus particulièrement celle de Nicolas Sarkozy, dont son Eldorado africain était en péril.

Quant à l’arme nucléaire de l’autre « dictateur » Saddam, elle n’avait été que dans les fantasmes des USA ! L’armée de l’Irak de Saddam était devenue une véritable menace pour Israël et pour les pays du Golfe. Il était impératif de réduire à néant l’Irak et le mettre à feu et à sang Tous les moyens étaient bons, même les plus invraisemblables et c’était de bonne guerre ! Gonflé à bloc jusqu’à faire admettre à Saddam que l’Irak est la quatrième puissance militaire, celui-ci commet l’erreur fatale et irrémédiable : L’invasion du Koweït. Plus de temps de tergiversions, la justification d’une correction, tant attendue, est suffisante !

Les USA veillent à ne pas créer de Saddam un mythe de héros national. Il faut l’humilier ! Une méthode apprise et appliquée par toutes les puissances coloniales depuis la nuit des temps. Saddam est exhibé sur tous les écrans de la planète, avec une barbe et des cheveux hirsutes et en haillons, sortant sans la moindre résistance d’un trou indigne de son rang . Pire encore, il se laisse volontiers, tel un fauve , examiner ses dents par un prétendu spécialiste ! Le message est reçu cinq sur cinq. Hollywood ne pouvait pas faire mieux !

Washington venait de réaliser un exploit inoui :

1-S’imposer en tant que garant sans partage de la sécurité d\’Israël et des richissimes pays du Golfe.

2-S’accaparer du trésor pétrolier « Ali Baba » de l’Irak.

3-Asseoir sa main-mise sur les richesses et la politique des pays du Golfe.

4-Réduire à néant les potentiels militaire et infrastructurel de l’Irak.

5-S’octroyer de nouveaux marchés dans la reconstruction de l’Irak.

Les raisons inavouables de l’interminable cauchemar syrien ne sont nullement la prétendue atteinte à la sacro-sainte démocratie et à un quelconque printemps arabe. A ce propos l’avocat Robert Kennedy Junior, neveu de l’ancien président John F. Kennedy affirme : « La décision américaine d’organiser une campagne contre Bachar al-Assad n’a pas commencé avec les manifestations pacifiques du printemps arabe en 2011, mais en 2009, lorsque le Qatar a offert de construire un pipeline pour 10 milliards de dollars qui traverserait l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie » .

Les vraies raisons du bain de sang fratricide syrien ne sont donc pas à chercher du côté d’une fortuite insurrection populaire, laquelle a été en réalité fomentée et financée par les USA , le Qatar, l’Arabie saoudite et Israël . Mais plutôt du côté plus obscur et vénal d’un projet de pipeline de gaz, du Qatar vers l’Europe, qui aurait contribué à renforcer son rôle stratégique dans la région, et de renforcer sa position de « proche allié de Washington » , tout en donnant un avantage décisif dans les marchés mondiaux du gaz aux émirats du Golfe.

Ce projet, remontant à 2009, n’avait pas eu l’accord de Bachar Al-Assad pour ne pas nuire aux intérêts de son allié russe, le plus grand fournisseur de gaz naturel vers l’Europe. Pire encore il concède à l’Iran , ennemi juré des pays du Golfe , la construction d’un autre gazoduc qui transporterait le gaz de l’Iran vers le Liban, permettant ainsi à la République iranienne de s’imposer comme l’un des plus grands fournisseurs de gaz vers l’Europe . « La CIA a utilisé les membres du groupe extrémiste État islamique pour protéger les intérêts des Etats-Unis sur les hydrocarbures et instrumentaliser les forces radicales pour réduire l’influence de (l’ancienne) Union Soviétique dans la région\ », a poursuivi Robert Kennedy.

Pendant ce temps, les Etats-Unis poursuivent leur soutien financier, logistique et militaire aux groupes d’opposition armés, qui ont échoué à renverser le gouvernement syrien, malgré cinq années de guerre d’usure. Pour préserver leurs intérêts et barrer la route aux russes, Washington, Ryad, Doha, Ankara et Tel-Aviv instrumentalisent le groupe extrémiste Etat islamique et les forces radicales syriennes.

La Syrie n’est donc que le théâtre de guerre dans lequel les puissances régionales tentent d’imposer leur influence géostratégique et défendre leurs propres intérêts économiques. Point de printemps arabe ! La vérité est ailleurs. Justice, équité, liberté, démocratie ne sont que des notions philosophiques élastiques relatives, changeant selon le lieu et le temps. Le plus important, hélas pour les leaders de ce monde est de se maintenir au sommet de la hiérarchie mondiale. “En politique, rien n’arrive par accident . Si quelque chose se produit vous pouvez parier que cela a été bien planifié de cette façon-ci.” Franklin Roosevelt (1882-1945), 32ème président américain, avait déjà dit en son temps. On ne peut être plus explicite !

Et tant qu’il y aurait des crédules et des naïfs,  il y aurait toujours des « printemps arabes » ! « Souvent politique varie, bien fol qui s’y fie ». De tous ces « printemps arabes », qui au fait sèment la discorde et la division entre pays arabo-musulmans, il n’y a qu\un seul et unique pays gagnant : Israël. La paix y régnera pendant très longtemps. Le temps nécessaire et suffisant pour concevoir d’autres subterfuges pour faire occuper les arabes qui, hélas, n’ont jamais retenu de leçons depuis la chute de l’Andalousie. Contrairement aux pays arabes, Israël peut d’ores et déjà s’émerveiller de son printemps florissant de paix !

*Ghanem Bounakhla est Ingénieur d’Etat en moyens de guidage radiotechnique