Qui a intérêt à torpiller en ce moment les relations entre l’Algérie et la France ?
Par Mohamed Merabet
Alors qu’on pensait qu’une nouvelle page s’ouvrait dans les relations algéro-françaises pour le grand bien des deux pays qui sont condamnés par la géographie et l »histoire à coopérer, voilà qu’une malheureuse opération diplomatico-sécuritaire d’exfiltration illégale et clandestine d’une ressortissante algérienne vers la France via le territoire tunisien est venue tout mettre en cause.
Il est clair que nous avons affaire à une grave violation de la souveraineté nationale de l’Etat algérien. Il suffit de voir comment les hautes autorités de l’Etat algérien ont réagi pour se rendre compte que nous sommes entrés dans une nouvelle crise diplomatique entre les deux pays qui viennent de renouveler leur engagement d’aller vers un « partenariat renouvelé » depuis la visite du président Macron en Algérie en août dernier.
La question qu’il convient de se poser au moment où l’Algérie vient de décider le rappel de son ambassadeur en France pour consultations est qui a intérêt à torpiller en ce moment les relations algéro-françaises ? Il est clair qu’aucun argument sérieux ne peut être invoqué pour justifier le geste inamical des services diplomatiques, consulaires et sécuritaires qui ont collaboré pour exfiltrer la ressortissante algérienne via la Tunisie. Même l’argument fallacieux suivant lequel les autorités françaises n’ont fait que rapatrier une ressortissante française ( étant donné qu’Amira Bouraoui bénéficierait de la double nationalité) ne tient pas la route. En effet, dans la mesure où la concernée a toujours la nationalité algérienne, son cas devait être traité avec plus de précautions par les autorités françaises dans le respect des prescriptions du droit international privé et des conventions engageant les deux pays.
Mais quelles que soient les arguments juridiques qui pourraient être invoqués, à tort d’ailleurs, ceux qui ont pris la lourde décision d’organiser cette exfiltration devaient savoir exactement comment l’Etat algérien allait réagir et c’est sans doute là l’essentiel de cette affaire: il s’agit en l’espèce d’un acte par lequel on cherchait délibérément à saboter le récent rapprochement entre les deux pays. Les dirigeants algériens et français qui tiennent à la bonne entente entre les deux pays surtout dans la présente conjoncture internationale devraient entrer dans une discussion sérieuse pour trouver une issue honorable à cette nouvelle crise avant qu’elle ne s’envenime au seul bénéfice de ceux qui ne veulent le bien ni de l’Algérie ni de la France.
Le 08 février 2023