Qui est l’imam Mahmoud Dicko dont la visite officielle à Alger a mis en colère la junte militaire à Bamako ?

21.12.2023. La tension diplomatique engendrée par les graves accusations lancées par la junte malienne contre l’Algérie est partie visiblement de l’audience accordée par le président Tebboune à l’imam de la confrérie Kountiya, Mahmoud Dicko. Qui est ce prédicateur dont la visite à Alger semble inquiéter la junte militaire à Bamako ?

Né en 1954 à Tombouctou, Mahmoud Dicko est un prédicateur religieux formé dans des médersas mauritaniennes et à l’université islamique de Médine. Mais son influence dépasse de loin ses fonctions religieuses puisqu’il est considéré comme une des personnalités publiques les plus importantes dans son pays. Homme de paix et de dialogue, il a été un médiateur entre le gouvernement malien et les groupes djihadistes du nord du pays. Entré dans l’opposition au régime d’Ibrahim Boubacar Keita en 2017 et à ce titre il a joué un rôle éminent dans les manifestations de 2020 contre ce régime qui a fini par être renversé par les militaires. En septembre 2019, un mouvement politique et social a été créé par ses partisans, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de Mahmoud Dicko (CMAS)

Selon TV5 Monde, « L’imam Dicko était déjà le leader d’un mouvement de contestation qui a précédé le renversement du président civil Ibrahim Boubacar Keïta par les militaires en 2020. Mais depuis la prise de pouvoir par les militaires, il a ouvertement exprimé ses désaccords avec le gouvernement provisoire. Il est l’un des rares acteurs politiques capables de mobiliser dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire, qui a fait emprisonner plusieurs opposants. L’imam Dicko s’est opposé ouvertement au référendum sur une nouvelle Constitution en juin dernier. » Devant les atermoiements de la junte militaire qui s’accroche au pouvoir, les partisans de Dicko au sein de la CMAS exigent la mise en place d’une transition civile. « En ce qui concerne la situation sécuritaire, la CMAS pense que les armes ne sont pas la seule solution possible pour le règlement de la crise », soutient le coordinateur de la CMAS, Youssouf Daba Diawara.

Pour rappel, à l’issue de l’audience que lui a accordé le président Tebboune, M. Dicko a affirmé que l’Algérie et le Mali « sont plus que des voisins, c’est un tout indivisible« . Après avoir remercié l’Algérie « pour son soutien au Mali durant toutes les étapes et les crises qu’il a traversées« , l’imam de la Confrérie Kountiya a exprimé le vœu de voir son pays « surmonter les difficultés qu’il traverse et de voir se concrétiser la réconciliation et le vivre-ensemble en paix entre les peuples de la région du Sahel« . A cette occasion, M. Dicko s’est dit « fier » de se retrouver en Algérie, « pays des martyrs et des hommes épris de liberté« , ainsi que de sa rencontre avec le président de la République auquel il a présenté ses remerciements « pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité » dont il a été entouré (Algérie solidaire)