Said Khelil revient sur les évènements de janvier 1992
Après Khaled Nezzar, Mohamed Betchine et Abassi Madani, c’est au tour de Saïd Khelil, un ancien responsable du FFS, de donner son témoignage sur les évènements qui ont précédé et suivi l’arrêt du processus électoral en janvier 1992. Dans une déclaration au quotidien Echorouk, Saïd Khelil,a expliqué qu’après la large victoire du FIS aux élections communales de juin 1990, les cadres du FFS s’attendaient à une autre victoire de ce parti aux élections législatives et malgré leur opposition à son discours idéologique et politique, ils étaient prêts à cette éventualité dés lors que c’est le verdict populaire qui l’imposait. Saïd Khelil estime qu’il y avait d’autres moyens légaux pour faire face à toute tentative de mettre en cause le fonctionnement démocratique des institutions de la part du FIS. Saïd Khelil rappelle comment le FFS était attaché au déroulement normal du second tour des élections mais il reconnaît que la manifestation du 2 janvier du FFS entre les deux tours avec le slogan « Ni Etat policier ni république intégriste » avait été instrumentalisée par les forces qui planifiaient à l’époque l’arrêt du processus électoral.
Saïd Khelil est revenu ensuite sur la polémique engendrée par la déclaration du général Khaled Nezzar affirmant qu’il n’ a jamais été question de proposer la présidence à Hocine Aït-Ahmed au lendemain de l’arrêt du processus électoral. Saïd Khelil affirme qu’à l’époque tous les responsables du parti étaient au courant de cette proposition, ce qui laisse penser que Hocine Aït-Ahmed (ou une autre personne) a dit à ses proches qu’on lui a proposé la présidence. Mais cela ne peut ni confirmer ni infirmer la déclaration de Khaled Nezzar dans la mesure où quelqu’un d’autre (Ali Haroun ou le général Mohamed Touati par exemple) a pu faire croire à Hocine Aït-Ahmed qu’il pouvait briguer la présidence s’il jouait le jeu de l’armée.
Dans sa déclaration, Saïd Khelil n’a pas hésité à donner une curieuse interprétation du nouveau découpage électoral choisi par Sid Ahmed Ghozali à la veille des élections législatives de décembre 1991. Selon Khelil, ce découpage avait pour but de freiner l’avancée du FFS alors que des observateurs estiment que c’était plutôt le FLN dirigé à l’époque par Abdelhamid Mehri, allié à Mouloud Hamrouche, qui était visé comme l’illustre la campagne menée par Sid Ahmed Ghozali en compagnie de Ali Kafi en faveur de la liste des « indépendants » et autres dissidents du FLN. Les résultats du premier tour suffisent d’ailleurs à montrer que c’est le FLN qui était la principale victime du découpage électoral de l’époque puisque le FFS avait glané 25 sièges avec 500 000 voix alors que le FLN n’a pu avoir que 16 sièges avec 1,5 million de voix.