Souvenir : Il y a trois ans le massacre de Rabaa al Adawiya
Le 14 août 2013, l’armée et les forces de sécurité égyptiennes donnaient l’assaut au camp de Rabaa al-Adawiya devenu le lieu symbolique de l’opposition pacifique au coup d’Etat militaire du 3 juillet contre le président élu Mohamed Morsi. Officiellement, le chiffre de 700 victimes a été annoncé mais les organisations civiles et des droits de l’Homme parlent d’un millier de victimes. Le carnage de Rabaa fur suivi d’une opération de répression particulièrement dure contre les Frères musulmans d’où était issu le président déchu. Cette répression a fait 1400 victimes. Par ailleurs,16 000 militants et sympathisants des frères musulmans furent emprisonnés. Parmi eux, de nombreux dirigeants furent condamnés par une Justice expéditive à la peine capitale.
A l’occasion de la commémoration du troisième anniversaire du massacre de Rabaa, des manifestations ont eu lieu mais comme à son habitude, le régime militaire a réagi par la répression contre les manifestants pacifiques. A l’étranger, des manifestations et des rassemblements ont également été organisés en souvenir des victimes de ce carnage qui attendent toujours que justice soit rendue. Le régime militaire du général Sissi n’a pas seulement fermé la parenthèse de la démocratisation que la révolution du 25 janvier a laissé espérer en ramenant l’Egypte des années en arrière. Il a également complètement échoué à apporter la prospérité économique tant promise. Malgré l’aide des puissances occidentales et des pétromonarchies du Golfe qui ont soutenu le coup d’Etat militaire, l’Egypte se débat dans une crise financière et économique sans précédent. Le gouvernement égyptien vient encore de demander un crédit de 12 milliards de dollars au FMI.
La répression du régime militaire du général Sissi ne touche pas seulement les Frères musulmans. Elle s’est étendue à toute opposition y compris contre ceux qui avaient participé aux manifestations contre le président Morsi et contribué ainsi indirectement à la prise du pouvoir par l’armée. Certaines de ces forces démocratiques commencent à le regretter. Cette année, à l’occasion de la commémoration du massacre de Rabaa, le mouvement des jeunes du 6 avril a exprimé ses regrets et a présenté ses excuses aux victimes de la répression pour n’avoir pas pu empêcher le massacre et a demandé que justice soit faite. Un responsable des Frères musulmans s’est réjoui, de Londres, de cette prise de position et a rappelé la disponibilité de son mouvement à œuvrer ensemble avec toutes les forces politiques déterminées à faire échec au coup d’Etat militaire. Par ailleurs, le dirigeant de l’organisation al-Qaida, Ayman al-Zawihiri, a choisi l’occasion du troisième anniversaire de Rabaa pour rendre public un enregistrement dans lequel il réitère sa condamnation du président Morsi et des Frères musulmans égyptiens, coupables à ses yeux d’avoir joué le jeu de la démocratie et de la laïcité. Cette déclaration fait dire aux observateurs politiques que la dictature militaire et l’extrémisme politico-religieux se nourrissent mutuellement.