Un cabinet britannique prévoit la multiplication des troubles sociaux en Algérie

Dans son récent rapport, le Cabinet britannique de conseil en risques et en stratégie, Verisk Maplecroft, prévoit que l’impact économique et sanitaire de la pandémie fera exploser le niveau de risque de multiplication de troubles sociaux dans 37 pays. L’Algérie figure malheureusement dans cette liste aux côtés des Etats Unis, de la Russie, de la Turquie, de Hong-Kong, du Nigeria, de l’Afrique du Sud, du Brésil et de l’Egypte. Le rapport en question estime que « ces pays seront confrontés à des pics de troubles importants au cours du second semestre de cette année, entraînés par une douloureuse reprise économique post-pandémie qui augmentera le mécontentement public à l’égard des gouvernements ». Ces 37 pays « seraient ceux qui auraient développé les réponses de gestion de la crise les moins efficaces » comparativement à d’autres pays dans le monde.

On peut lire donc dans ce rapport que les troubles supposés éclater dans les 37 pays ciblés sur une période allant jusqu’à trois ans ne surviendraient pas au Maghreb. A l’exception de l’Algérie qui est créditée, à l’instar des 36 autres pays de la liste établie par Verisk, d’un faible taux de récupération, c’est-à-dire d’une faible capacité de résistance et de réponses appropriées à l’ampleur de la crise pandémique.  Pour rappel, le taux  de récupération sur lequel se fonde le rapport pour établir sa liste des pays à risques est calculé  à partir de 140 critères comme la force des institutions étatiques, l’agitation civile éventuelle, la stabilité des gouvernements en place, la possibilité d’attaques terroristes, les risques de catastrophes naturelles, le dynamisme économique et la sensibilité de la population aux restrictions et aux mesures de lutte édictées. C’est ainsi qu’il a considéré que sur la base de ces sept critères, l’Algérie « est évidemment un pays à risque comme les 36 autres pays identifiés et à l’instar du reste du monde ».

Bien entendu, le rapport du cabinet de conseil britannique vaut ce qu’il vaut et ce n’est pas la première fois qu’un cabinet se trompe dans ses prévisions concernant l’évolution de la situation géopolitique d’un pays ou d’un groupe de pays. Le rapport du cabinet britannique a fait d’ailleurs réagir l’expert algérien, le professeur Messaoud Boularès :  « On ne peut ainsi que s’étonner fortement, de constater que les brillants analystes de Verisk n’aient pas pris en considération le fait que l’Algérie à un matelas de devises encore confortable et qu’elle possède un Exécutif et des institutions désormais solides et stables. Qu’elle est loin de connaitre l’agitation civile et que les possibilités d’attaques terroristes sont désormais, et depuis, déjà longtemps, très infimes en raison du professionnalisme et de l’efficacité universellement reconnus de notre armée et de nos différents services de sécurité« . Le spécialiste des questions sécuritaires a indiqué, par ailleurs, qu’il y avait « comme un air nostalgique de + printemps coloré+ que certains résidus nocifs de l’oligarchie relaient sur les réseaux sociaux, l’acharnement à mettre à genoux le seul pays qui ne soit pas endetté, qui dispose de ressources et d’un matelas de réserves suffisant pour lui permettre de surmonter aisément la crise sanitaire qui le frappe dans une moindre mesure que nombre de pays très développés ».

Mustapha Senhadji