Un expert américain met en doute la furtivité du F-35
La furtivité du F-35 n’est qu’une description trompeuse, selon Pierre Sprey, l’un des concepteurs du F-16, qui affirme que les développeurs du nouveau chasseur vantent ses capacités de furtivité juste pour obtenir plus d’argent du gouvernement américain. La furtivité « était un crochet publicitaire quand elle a été conçue comme un programme de plusieurs milliards de dollars au début des années 80 », a fait savoir M. Sprey dans un entretien accordé à l’agence d’informations Sputnik. « La technologie, elle-même, remonte à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, mais ce n’était pas une solution populaire jusqu’à ce que (l’ancien secrétaire américain à la Défense, nldr) William Perry l’ait utilisé comme un crochet pour vendre toute une nouvelle génération de missiles et des avions très chers », a-t-il ajouté. La technologie de la furtivité repose sur la structure et le revêtement des avions d’une façon qui permette de dévier des impulsions radar, ce qui rend un objet « invisible ».
Mais alors que ces techniques fonctionnent contre les radars hautes fréquences, elles ne font rien contre les dispositifs basses fréquences. « Chaque radar de l’époque de la Bataille d’Angleterre serait en mesure de détecter clairement tout avion furtif moderne », a estimé Pierre Sprey. « Voilà l’ironie. La furtivité est censé être un atout dernier cri qui démode tout ce qui le précède, mais les radars de la Seconde Guerre mondiale les voient parfaitement (des avions furtifs, ndlr) », ajouté l’expert. Alors que l’armée américaine a arrêté d’utiliser les radars basses fréquences après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux adversaires des Etats-Unis ne l’ont pas fait. « D’autres pays n’ont pas refusé les radars à ondes longues (basses fréquences, ndlr), notamment, la Russie qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, les améliore et n’a pas cessé de produire des radars de plus en plus sophistiqués, en augmentant leurs capacités », a indiqué l’expert américain.
Dans le même temps, l’expert américain insiste sur le fait que le vrai but du programme du chasseur furtif F-35 n’est qu’un moyen pour pomper d’énormes sommes d’argent au gouvernement américain. Le complexe militaro-industriel « ne fonctionne pas dans l’intérêt de l’amélioration de la défense nationale des États-Unis. Il travaille dans l’intérêt d’un petit groupe d’entreprises qui collectent un gros montant d’argent en vendant des avions, des missiles et des radars, etc. très chers », a conclu M. Sprey. L’analyse de l’expert américain paraît exagérée au regard des efforts et dépenses effectués par le complexe militaro-industriel US pour le développement du nouveau chasseur F-35 mais elle a au moins le mérite de relativiser le discours euphorique qui tend à présenter le nouveau-né de l’aéronautique militaire américaine comme un vecteur irrésistible.