Une curieuse alliance islamo-berbériste contre les Présidentielles
Depuis le début du Hirak populaire du 22 février, les observateurs politiques n’ont pas pu s’empêcher de s’étonner devant un phénomène politique plutôt curieux. Il s’agit de l’alliance objective entre des forces qui étaient naguère ennemies, à savoir les partis laïcs minoritaires qui se recrutent essentiellement au sein de la mouvance berbériste d’un côté et des débris de l’ex-FIS dissous représentés au sein du mouvement par les partisans d’Ali Benhadj et de Rachad. Ces islamistes radicaux qui ne jurent que par le Califat et qui rejettent la démocratie dans son principe même ont récemment été rejoints par les Frères musulmans du MSP et du FJD qui viennent de faire savoir qu’ils ne présenteraient pas de candidat aux Présidentielles du 12 décembre prochain.
Cette curieuse alliance islamo-berbériste étonne d’autant plus les observateurs politiques qu’elle apparaît sans aucun avenir politique viable. En effet, à supposer qu’elle réussisse un jour à renverser le pouvoir actuel, on se demande comment ces acteurs pourraient sauvegarder leur alliance dans la mesure où tout les sépare. Pire, les observateurs les plus avertis se demandent comment ces « frères ennemis » pourraient éviter de tomber dans la guerre civile si l’armée venait à se retirer de la scène comme ils le réclament ? La politique de la terre brûlée que semblent privilégier ces forces mues par la frustration et l’ambition du pouvoir fait peur aux Algériens qui ne veulent à aucun prix rééditer l’expérience tragique des années 90.
Cependant d’autres observateurs vont plus loin dans l’analyse. Ils estiment que l’alliance des berbéristes et des islamistes n’est pas aussi curieuse qu’elle apparaît à première vue dans la mesure où ces forces ont le même commanditaire à savoir les réseaux de l’ex-DRS dissous, ses ramifications au sein de l’Etat profond et de la mafia politico-financière qui ont intérêt à entretenir la confusion et l’instabilité pour éviter de rendre des comptes et de perdre leurs privilèges indus.
Mohamed Merabet