Vive tension entre Washington et Téhéran suite à la destruction d’un drone américain
La situation est de plus en plus tendue dans le Golfe. L’Iran a annoncé, jeudi 20 juin, avoir abattu un « drone espion américain », qu’il accuse d’avoir violé son espace aérien. Le ministre des affaires étrangères iranien a notamment publié sur Twitter les coordonnées de l’endroit où l’appareil a été descendu, selon Téhéran. Dans la journée, Washington a confirmé qu’un de ses drones avait été abattu par l’Iran, mais nie que celui-ci ait violé l’espace aérien iranien. L’appareil se trouvait « dans l’espace aérien international » et « les informations iraniennes selon lesquelles l’engin aérien survolait l’Iran sont fausses », écrit le Pentagone dans un communiqué. « L’Iran a fait une très grosse erreur ! », a tweeté Donald Trump dans un premier temps, sans autre précision. Le président américain a ensuite évoqué l’hypothèse d’une erreur humaine : « J’ai le sentiment que c’était une erreur faite par quelqu’un qui n’aurait pas dû [prendre cette décision] », a-t-il déclaré depuis le bureau Ovale. « J’ai du mal à croire que cela était délibéré. » Interrogé sur une éventuelle réponse américaine au drone abattu, il est resté évasif : « Vous verrez. »
Selon les gardiens de la révolution, à l’origine du tir de missile, le drone avait décollé à « 00 h 14 » (heure de Téhéran) d’une base américaine sur « la rive sud du golfe Persique », « éteint tous ses dispositifs de reconnaissance », passé le détroit d’Ormuz – point de passage stratégique pour l’approvisionnement mondial de pétrole – et mis le cap vers l’est en direction du port iranien de Chabahar. De même source, l’appareil a été abattu au retour de sa mission après être entré dans l’espace aérien iranien. Aucune image de l’appareil détruit n’a été publiée par les médias iraniens. La violation des frontières iraniennes est la « ligne rouge » à ne pas franchir, a prévenu le général de division Hossein Salami, commandant en chef des gardiens. L’Iran « n’a aucune volonté de faire la guerre avec quiconque, mais nous y sommes prêts », a-t-il encore déclaré. Le pays compte porter l’affaire « devant l’ONU » afin de démontrer que « les Etats-Unis mentent » et qu’ils ont agressé la République islamique, a de son côté annoncé le ministre des affaires étrangères.
Ces réactions inquiètent, alors que l’escalade récente fait craindre qu’une étincelle ne mette le feu aux poudres dans la région. « Les Etats-Unis disent qu’ils n’excluent pas un recours à la force (…). Cela serait une catastrophe pour la région », a réagi, jeudi, le président russe, Vladimir Poutine. La veille, le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, a estimé que « le risque de guerre dans le Golfe » n’était « pas écarté ». Selon Paris, le conseiller diplomatique d’Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, a effectué mercredi une visite éclair en Iran en vue « de contribuer à une désescalade des tensions ». Mercredi, l’armée américaine a intensifié ses accusations contre l’Iran, qu’elle tient responsable de l’attaque des deux tankers touchés par des explosions le 13 juin en mer d’Oman, photos à l’appui. Téhéran a nié toute implication dans ces attaques, laissant plutôt entendre qu’il pourrait s’agir d’un coup monté des Etats-Unis pour justifier le recours à la force contre la République islamique. Pour rappel, les tensions dans la région se sont aggravées depuis que le président américain a décidé, en mai 2018, de retirer son pays de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 et de rétablir de lourdes sanctions contre Téhéran (AFP)