Abane Ramdane avait ordonné la liquidation des berbéristes
Comme chaque année, la commémoration de la journée du 20 août, qui coïncide avec le double anniversaire de l’insurrection du 20 août 1955 et de l’organisation du congrès de la Soummam le 20 août 1956, est une occasion pour le pouvoir de continuer dans sa politique d’amnésie et de récupération de l’histoire de la Révolution algérienne à des fins politiciennes. C’est ainsi que les luttes politiques et idéologiques qui ont traversé le FLN-ALN sont soit ignorées soit dénaturées, ce qui fait bien l’affaire des révisionnistes qui voudraient que les jeunes générations se détournent de leur histoire. Mais malheureusement, l’amnésie et la déformation de l’histoire ne sont pas l’œuvre exclusive du pouvoir. Des partis d’opposition et notamment les partis berbéristes ont pris l’habitude de faire une célébration sélective de la journée du 20 août en concentrant leur attention sur un seul évènement, le congrès de la Soummam, auquel ils font subir une lecture manichéenne, régionaliste et chauvine, en contradiction totale avec les faits historiques.
En effet, les partis berbéristes, dans leur diversité politique, chantent tous la même chanson : « Le congrès de la Soummam fut un tournant historique en ce qu’il a consacré le choix démocratique de la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur » oubliant que ces slogans cachaient en fait des luttes de pouvoir entre les dirigeants de la Révolution algérienne. Pire, ces partis berbéristes n’hésitent pas à utiliser l’origine régionale de la plupart des dirigeants présents dans ce congrès pour faire passer la thèse fausse suivant laquelle Abane Ramdane et Krim Belkacem étaient en quelque sorte les pionniers de l’idéologie berbériste qu’ils défendent. Cette thèse véhiculée dans les milieux berbéristes est tellement fausse que même un vieux militant berbériste comme Rachid Ali-Yahia* se croit obligé de la démentir. Dans le cadre d’une conférence-débat organisée à Paris le samedi 25 octobre 2008, Rachid Ali-Yahia a soutenu que « L’arabo-islamisme était tellement enraciné au sein du mouvement national algérien que non seulement leur demande n’a pas été entendue mais certains avaient payé de leurs vies leur attachement à Tamazight. Même des « démocrates » kabyles comme Abane Ramdane les auraient qualifiés de contre-révolutionnaires qu’il fallait liquider ».
Rachid Ali-Yahia faisait référence à un document capital du Congrès de la Soummam que les berbéristes gardent caché pour que les jeunes générations ne découvrent pas leurs mensonges et leurs manigances. Ce document est un annexe à la plate-forme adaptée par le Congrès. Voici ce que dit le document adressé aux responsables de la fédération du FLN de France : « Les principaux responsables de l’Oranie, Algérois et Constantinois, réunis quelque part en Algérie, après avoir pris connaissance de votre rapport général non daté, vous renouvellent leur confiance et vous assurent d’un appui total dans votre travail de clarification, de consolidation du FLN en France et de liquidation des Berbéristes, Messalistes, et autres contre-révolutionnaires qui continuent leur travail de sape et de division au sein de l’émigration algérienne » Le document est signé par sept dirigeants du FLN : Ben M’hidi, Abbane, Krim, Ouamrane, Zirout, Bentobal, Si Chérif. Ce document a été publié en annexe par feu Benyoucef BenKheda dans ses Mémoires. Rappelons que parmi les sept signataires de ce document clair et net, quatre étaient originaires de la grande Kabylie : Abane Ramdane, Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Ali Mellah dit Si Chérif.
*Acteur de la crise berbériste au sein du PPA-MTLD de 1949, Rachid Ali-Yahia est un des plus vieux représentants historique du courant berbériste en Algérie. Après 1962, Rachid Ali-Yahia a vécu en exil en France. Le 16 juin 1976, il crée le Front Uni pour une Algérie algérienne (FUAA). Dans la continuité du FUAA, il fonde en 2004 le Rassemblement pour une Algérie Algérienne Fédérale (RAAF)