Les Algériens se souviennent encore du président Houari Boumediene
Le 27 décembre 1978, nous quittait le président Houari Boumediene. 39 ans après sa disparition précoce, le souvenir du défunt président Houari Boumediene continue d’alimenter les discussions sur les réseaux sociaux, y compris au sein des générations de jeunes qui ne l’ont jamais connu de son vivant. La popularité de l’ancien président algérien contraste avec le silence officiel qui a suivi sa mort depuis l’opération de déboumediénisation orchestrée par l’ancien président Chadli Bendjedid jusqu’à la tentative des présidents qui se sont succédé au pouvoir par la suite d’utiliser l’image de Houari Boumediene pour renforcer leur propre légitimité politique. Il en a été ainsi du président Liamine Zeroual. Après lui, Abdelaziz Bouteflika a cherché, surtout lors de son premier mandat, à se présenter comme un digne continuateur du président défunt.
Les Algériens, et notamment les jeunes, qui se souviennent de Houari Boumediene en cette circonstance mettent l’accent sur son patriotisme et son intégrité personnelle et n’hésitent pas à comparer ses qualités avec les défauts de ses successeurs. Même dans les années les plus fastes du règne de Houari Boumediene, l’Algérie ne pouvait pas compter sur plus de 25 milliards de dollars par an. Avec des recettes aussi modestes, elle a réussi à lancer de grands projets sans oublier l’investissement dans l’éducation. Durant les années ultérieures, avec un revenu annuel avoisinant les 100 milliards de dollars, l’Algérie a connu un processus de désindustrialisation effrayant. Pire, l’Algérie est tombée dans un phénomène social démobilisateur qu’elle ne connaissait pas du temps de Houari Boumediene : la corruption généralisée.
A la corruption qui mine les institutions à l’intérieur, l’Algérie a vu sa diplomatie décliner ces dernières décennies avec toutes les conséquences qui en découlent sur ses intérêts stratégiques. Certes, l’isolement international de l’Algérie durant la décennie noire y est pour quelque chose. A son arrivée au pouvoir, le président Bouteflika a essayé de redonner à l’Algérie la place qu’elle mérite dans le concert des nations. Mais les Algériens continuent de penser que l’Algérie n’a jamais réussi à renouer avec son véritable statut historique. Les déceptions s’accumulent à chaque fois que l’Algérie enregistre une offense diplomatique comme récemment lors de la visite du président français à Alger. L’effacement du président Bouteflika consécutif à sa maladie et l’absence de dirigeants à la hauteur ne font que raviver au sein de l’opinion publique algérienne la nostalgie d’un président comme Houari Boumediene qui symbolise pour des millions d’Algériens l’attachement à la dignité de l’Algérie.