Messahel rappelle les constantes de la diplomatie algérienne
Dans un entretien au quotidien français Le Monde, le ministre algérien des affaires étrangères, Abdelkader Messahel, est revenu sur les constantes de la diplomatie algérienne qui s’appuie sur un principe fondamental : le refus de l’ingérence étrangère dans la région. S’agissant du dossier syrien, M. Messahel a indiqué que « Nous suivons avec attention la dégradation de la situation en Syrie. Nous avons discuté avec le ministre français des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian) et avec d’autres partenaires. Nous avons toujours pensé que le problème qui se pose à la Syrie doit être réglé dans le cadre syrien », a affirmé le chef de la diplomatie algérienne dans une interview accordée au journal Le Monde, soulignant la différence entre la lutte contre le terrorisme, qui est une « obligation pour tous », a-t-il précisé, et des conflits nés de clivages internes. « Dans ce cas-là, la solution est à trouver dans le cadre du dialogue, du respect de la souveraineté des peuples et des Etats, sans ingérence d’où qu’elle vienne », a-t-il ajouté.
Sur la situation en Libye, le ministre est revenu également sur le problème des ingérences dans les affaires internes des Etats. »Le processus en Libye est contrarié par trop d’agendas qui ne permettent pas à la volonté du peuple libyen d’aboutir selon la stratégie arrêtée par les Nations unies », a-t-il expliqué, réaffirmant que la solution doit venir d’un dialogue entre Libyens. Il a indiqué que ce pays a « suffisamment » de compétences pour cela, il en veut pour preuve, la semaine dernière, « deux grandes villes qui étaient pratiquement en guerre, Zintan et Misrata, ont trouvé des solutions », notant que « c’est un pas très important ».
S’agissant de la non application de l’Accord d’Alger au Mali, le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que « nous avons accompagné nos frères maliens jusqu’à la signature de l’accord, mais celui-ci ne vaut que s’il est mis en œuvre et il le sera seulement si ceux qui l’ont signé en ont la volonté ». « Les Maliens doivent s’approprier le processus. De ce point de vue, nous saluons l’approche du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. Sa dernière visite à Kidal prouve une implication sérieuse », a-t-il dit, soulignant qu’ »il n’y aura pas de solution en dehors de l’appropriation de la sortie de crise par les Maliens eux-mêmes ». « Notre rôle, comme celui de la France, des Nations unies, est de les accompagner. Ce que nous faisons : nous renforçons les capacités des troupes maliennes, nigériennes, nous formons des troupes spéciales, nous apportons un soutien logistique, nous partageons nos renseignements », a-t-il fait savoir, rappelant que l’Algérie a consacré plus de 100 millions de dollars en quelques années aux pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme.
A une question de prétendues « incursions » des forces sahraouies dans la zone tampon de Guergueret, le ministre a encore rappelé que le porte-parole des Nations unies « a dit qu’il n’y avait pas eu de violation du cessez-le-feu », réitérant le soutien de l’Algérie des droits légitimes du peuple sahraoui. « Nous reconnaissons qu’il y a des réfugiés sur notre territoire. Tout comme il y a eu des réfugiés algériens au Maroc pendant notre guerre de libération. Le Maroc nous a soutenus, tout comme la Tunisie. Mais nous ne leur avons pas demandé d’aller négocier l’indépendance de l’Algérie avec les Français à notre place. C’est la même chose. Nous ne faisons pas partie de ce conflit », a-t-il affirmé.