La France est intervenue au Tchad pour éviter un coup d’Etat contre le régime de Déby
La récente intervention militaire française au Tchad continue à poser des questions. La propagande française voudrait faire passer cette intervention dans le cadre de la lutte contre les menaces des groupes djihadistes qui sillonnent la sous-région du Sahel. Cependant, la réponse du ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à une question posée à l’Assemblée nationale française le 12 février indique que l’intervention des Mirage 2000 français début février au Tchad n’avait rien à voir avec la lutte antiterroriste puisqu’il s’agissait de défendre le régime tchadien contre une « tentative de coup d’Etat » : « Il y a eu une attaque d’un groupe rebelle venu du Sud libyen, qui est déstabilisé, pour prendre le pouvoir par les armes à N’Djamena, a déclaré M. Le Drian. Le président Déby nous a demandé par écrit une intervention pour éviter ce coup d’Etat venu du Sud libyen et pour protéger son propre pays. »
Même si l’intervention française a eu lieu à la demande du président tchadien, « L’affaire contredit quelque peu l’engagement pris par le président Emmanuel Macron de ne plus permettre l’ingérence de la France, par l’intermédiaire de ses forces armées, dans la politique intérieure des pays africains. » écrit l’éditorialiste du quotidien français Le Monde. En effet, les « rebelles » tchadiens bombardés par l’aviation française n’appartenaient pas à des groupes djihadistes mais à l’opposition tchadienne dont certaines factions ont pris les armes contre le régime autocratique de Idriss Déby.
Le quotidien français reconnaît que « M. Le Drian cultive l’ambiguïté lorsqu’il évoque « un groupe rebelle venu du Sud libyen » : la colonne d’une cinquantaine de pick-up, lourdement armés, bombardée par les chasseurs français venait bien du Sud libyen, mais elle était composée de rebelles tchadiens, pas de groupes djihadistes. Ces rebelles appartiennent aux rangs de l’Union des forces de la résistance (UFR), dont le leader vit en exil à Doha et dont de nombreux combattants sont partis pour la Libye après un accord de paix conclu en 2010. En agissant ainsi, le gouvernement français risque selon le quotidien Le Monde de « s’exposer à l’accusation de soutenir à bout de bras et de Mirage 2000 un autocrate au bilan désastreux en matière de gouvernance et de droits de l’homme. » En fait, le gouvernement français n’a pas cessé d’intervenir au Tchad et dans d’autres pays africains du Sahel et de l’Afrique de l’ouest pour défendre ses intérêts et son influence au risque de compliquer davantage la situation dans cette région (Algérie solidaire)