Qui finance la chaîne de télévision al Magharibia basée à Londres ?
Les appels anonymes à occuper la rue ce vendredi 22 février ne sont pas anodins. Ils s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie de la tension qui cherche à provoquer les forces de l’ordre dans le but d’enclencher une sorte de réédition des évènements du 5 octobre 1988 ou encore un « printemps arabe » version algérienne. Comme cela s’est produit dans le cadre des « révolutions arabes », le rôle des médias et des réseaux sera décisif. Les médias privés algériens n’inquiètent pas outre mesure les services de sécurité algériens dans la mesure où ils sont pour la plupart la propriété d’hommes d’affaires algériens qui gravitent dans l’entourage du clan présidentiel. C’est à des médias situés à l’étranger et aux réseaux sociaux qui répercutent leur désinformation que sera confié la sale besogne qui consiste à chauffer l’opinion publique et à pousser la jeunesse à affronter les forces de l’ordre. Dans cette guerre médiatique contre l’Algérie, la chaîne satellitaire Al Magharibia, basée à Londres et à Paris, est appelée à jouer les premiers rôles.
La chaîne Al Magharibia a été lancée par un des fils de l’ancien dirigeant du FIS dissous, Abassi Madani qui vit en exil au Qatar. Ce détail a poussé les observateurs à conclure -peut-être hâtivement- que la chaîne serait financée par le Qatar, ce qui ferait de cette chaîne une sorte d’Al Jazeera bis spécialisée dans la propagande contre l’ Algérie. Cette hypothèse n’est pas à écarter mais les observateurs avancent également d’autres pistes. Outre la piste de donateurs privés du Golfe qui n’engagent pas nécessairement leurs Etats, les observateurs évoquent l’éventualité d’un financement via les services secrets marocains. Cette dernière hypothèse est confortée depuis que la chaîne Al Magharibia a changé de ligne éditoriale. « Islamiste » au départ, la chaîne s’est transformée avec le temps en une chaîne d’opposition radicale tous azimuts qui diffuse un discours dans lequel on retrouve mêlées la rhétorique populiste du FIS dissous et la rhétorique de l’opposition « démocrate » et berbériste.
Ce double visage présenté par la chaîne Al Magharibia constitue selon les observateurs un indice sérieux que la chaîne est devenue un instrument entre les mains d’un service qui a les moyens d’actionner les deux leviers politico-organiques, le levier « islamiste » et le levier « démocrate de gauche ». Dans ce jeu, les services marocains peuvent compter aussi bien sur la gauche marocaine affiliée à l’Internationale socialiste et proche des réseaux français et sionistes hostiles à l’Algérie que sur les Frères musulmans via leurs compatriotes du PJD qui sont actuellement au pouvoir. En effet, depuis leur arrivée au pouvoir, les islamistes marocains du PJD n’ont pas cessé de faire du lobbying anti-algérien au sein de la mouvance islamiste arabe dont les dirigeants se retrouvent régulièrement à Doha et Istanbul.
Mohamed Merabet