La France corrige sa position à l’égard de ce qui se passe en Algérie
Le rejet par le mouvement populaire du soutien exprimé par la France au régime de Bouteflika a visiblement fait réfléchir les dirigeants français qui se sont empressés de corriger le tir en prétendant que leurs positions onté té mal comprises. Invité à s’exprimer sur la position française au sujet de la crise algérienne devant l’Assemblée nationale française, le ministre français des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian a déclaré : « Sur la situation en Algérie, je voudrais dire les choses de manière très claire, parce qu’au cours des derniers jours, notre position a donné lieu à des détournements, des incompréhensions, des raccourcis. C’est sans doute attendu compte tenu des relations profondes et complexes que nous avons avec ce pays, mais l’importance de notre relation avec ce pays, d’une part, et de nos liens de toute nature avec ce pays, d’autre part, exige de clarifier les choses et donc je les clarifie si besoin en était »
Le ministre français a ajouté que l’Algérie « est un pays souverain, donc la France n’a pas à s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Algérie, elle n’a pas à le faire et elle ne cherche pas à le faire. C’est au peuple algérien et à lui seul qu’il revient de décider souverainement de son avenir et il a montré cette posture au cours des dernières semaines, il a montré qu’il était déterminé à faire entendre sa voix. » M. Le Drian n’a pas raté l’occasion de saluer le mouvement populaire algérien : « On assiste depuis plusieurs semaines à un mouvement de fond que nous suivons avec beaucoup d’attention avec aussi un peu d’admiration, parce que le déroulement de ces manifestations se fait avec un civisme, une dignité qui ne peuvent être que salués » en ajoutant que « cette liberté et cette dignité doivent être respectées, mais la solution appartient aux Algériens, il ne revient pas à la France de se prononcer sur les choix qui devront être faits. C’est aux seuls Algériens d’en décider par le dialogue démocratique ».
Le ministre français a rappelé la position diplomatique de son pays : « Le souhait de France c’est qu’une forme de transition puisse s’engager rapidement pour répondre aux aspirations profondes qui continuent de s’exprimer. Et pour accompagner cette dynamique, nous parlons aux autorités algériennes mais nous écoutons aussi la société civile dans son expression forte. L’Algérie doit maintenant tracer son avenir, il prendra la forme qu’auront choisi les Algériens. » Les observateurs algériens notent avec satisfaction le changement de ton des dirigeants français à l’égard de ce qui se passe en Algérie. En effet, on est loin du soutien ouvert au régime de Bouteflika tel qu’il a été exprimé par Macron et Le Drian il y a quelques semaines. Les observateurs mettent cette évolution au compte de la mobilisation de la jeunesse algérienne qui rejette sans complexe toute velléité d’hégémonie, fût-elle cachée derrière des discours paternalistes révolus tout en appelant à la vigilance dans la mesure où dans les coulisses, la diplomatie française continue de jouer un rôle des plus néfastes.
Mohamed Merabet