Gaïd Salah demande l’application de l’article 102 de la Constitution
Dans le cadre son allocution lors de sa visite de travail à la 4eme Région militaire (Ouargla), le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah a demandé l’application de l’article 102 de la Constitution qui prévoit la mise en oeuvre d’une procédure d’empêchement du président de la république en raison de son incapacité à assumer ses fonctions. Dans cette allocution, M. Gaïd Salah est revenu sur les évènements que connaît notre pays depuis plus d’un mois : « La situation de notre pays est marquée, en ces jours, par des marches populaires pacifiques, organisées à travers l’ensemble du territoire national, revendiquant des changements politiques. En dépit du caractère pacifique et du civisme qui caractérisent ces marches jusqu’à présent, qui démontre la grandeur du peuple algérien, sa conscience et sa maturité, et qui a tenu à préserver l’image de marque dont jouit l’Algérie parmi les nations, il est de notre devoir de souligner que ces marches pourraient être exploitées par des parties hostiles et malintentionnées, aussi bien de l’intérieur et que de l’extérieur, qui usent de manœuvres douteuses visant d’attenter à la stabilité du Pays. Des desseins abjects que ce peuple conscient et éveillé saura mettre en échec. De ce fait, et afin de prévenir notre pays de toute situation incertaine, il est du devoir de tout un chacun d’œuvrer avec patriotisme et abnégation, et de privilégier les intérêts suprêmes du pays, afin de trouver, dans l’immédiat, une solution de sortie de crise. Une solution qui s’inscrit exclusivement dans le cadre constitutionnel, qui constitue l’unique garantie pour la préservation d’une situation politique stable».
Cependant, les manifestations populaires pourraient être utilisées par des forces hostiles à l’Algérie, surtout si elles devaient se radicaliser en raison de l’entêtement du « clan présidentiel » qui semble totalement sourd aux cris du peuple. Le risque de voir le pays se diriger vers une situation incontrôlable a poussé le commandement de l’ANP à faire appel aux institutions chargées de faire respecter la Constitution en pareilles circonstances: «Dans ce même cadre, j’ai prêté serment, à maintes reprises, devant Allah Le Tout-Puissant, devant la Patrie et devant le peuple, et je ne manquerai jamais de rappeler et d’insister que l’Armée Nationale Populaire, en tant qu’Armée moderne et développée, est capable de s’acquitter de ses missions avec professionnalisme, en tant que garant et gardien de l’indépendance nationale et responsable de la défense de sa souveraineté nationale et de son unité territoriale, et de la protection de son peuple contre tout péril ou danger pouvant survenir, je dis, l’Armée Nationale Populaire demeure loyale envers son serment et ses engagements, et ne permettra jamais, à qui que ce soit, de détruire ce que le peuple algérien a pu construire. Dans ce contexte, il devient nécessaire, voire impératif d’adopter une solution pour sortir de la crise, qui répond aux revendications légitimes du peuple algérien, et qui garantit le respect des dispositions de la Constitution et le maintien de la souveraineté de l’Etat. Une solution à même d’aboutir à un consensus de l’ensemble des visions, et faire l’unanimité de toutes les parties, à savoir la solution stipulée par la Constitution, dans son article 102».
Le commandement de l’ANP vient de prendre ses responsabilités. Jusqu’ici, il a fait preuve d’une grande prudence et d’une grande patience devant l’entêtement du « clan présidentiel » pour ne pas donner des prétextes à l’ingérence étrangère. Mais le « clan présidentiel » n’a rien voulu entendre en croyant qu’il pouvait ignorer la volonté populaire parce qu’il a eu quelques signaux « positifs » de la part des capitales étrangères soucieuses de préserver leurs intérêts en Algérie. Le « clan présidentiel » et son parrain français ont parié sur le fait que le commandement de l’ANP n’oserait pas intervenir directement par crainte des représailles internationales. Ils se sont lourdement trompés. La crainte de voir l’Algérie sombrer dans le chaos par la faute de ceux qui s’accrochent au pouvoir a été plus grande que toutes les autres craintes. Au Conseil constitutionnel, au Conseil de la nation et à l’APN de prendre leurs responsabilités conformément à l’esprit et à la lettre de la Constitution. Pour permettre au peuple algérien d’écrire tranquillement une nouvelle page de son histoire en dehors des ingérences étrangères. Bien entendu, l’application de l’article 102 de la Constitution ne réglera pas tout comme l’ont rappelé Ali Benflis et Abderrazak Makri mais ce sera le point de départ d’un processus de changement qu’il appartient au mouvement populaire de mener jusqu’à la réalisation d’une véritable démocratie sociale comme cela était stipulé dans la Déclaration du 1er Novembre. Certaines forces qui ont cherché ces derniers jours à récupérer le mouvement de protestation populaire pour réaliser leurs sordides desseins, qui consistent dans l’instauration d’une « seconde république » sous contrôle des minorités inféodées à la France, vont crier au danger de la « dictature militaire » ! Mais la jeunesse algérienne n’est pas dupe. Elle saura faire la distinction entre ses vrais et ses faux alliés.
Mohamed Merabet