Apparemment, le FFS a réussi à surmonter sa crise intérieure après l’organisation de son congrès extraordinaire le 10 juillet dernier qui a consacré l’élection de la liste conduite par Hakim Belahcel (182 voix) au détriment de celle d’Ahmed Djeddai (143 voix) pour mener la nouvelle Instance présidentielle du parti. Cette instance vient de désigner un nouveau premier secrétaire national, le jeune Youcef Aouchiche. Ce militant et cadre, âgé de 36 ans, succède ainsi à Hakim Belahcel. La tâche ne sera pas facile pour ce nouveau premier secrétaire qui tentera d’unifier les rangs d’un parti politique qui a vécu la plus grave crise de son histoire avec des guerres intestines et la multiplication de clans. M. Aouchiche est diplômé en sciences politiques et Relations internationales de l’Université d’Alger. Il a exercé en tant que journaliste dans la presse écrite et en tant qu’attaché parlementaire durant la période 2012/2017. En novembre 2017, après avoir conduit avec succès la liste du FFS aux élections locales, il a été élu au poste de président de l’Assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou. Il est le plus jeune président d’APW à l’échelle nationale. Il a adhéré au FFS à l’âge de 19 ans. Depuis cette date, il a exercé plusieurs responsabilités au sein du doyen des partis d’opposition. Il était premier secrétaire de la section universitaire d’Alger entre 2005 et 2007, secrétaire national au mouvement associatif 2011 et 2013, et à l’information et à la communication entre 2013 et 2016. Il était également secrétaire national à l’organisation 2016/2017 et premier secrétaire national par intérim à deux reprises en 2014 et 2016.
Mais la question qui se pose au lendemain de cette désignation est de savoir si ce nouveau secrétaire fera le consensus parmi les différentes parties en conflit et s’il arrivera à convaincre les uns et les autres à se mettre autour de la table pour remettre le parti sur les rails. Des observateurs politiques pensent que tout dépendra de la future feuille de route de la direction du parti. En effet, c’est un secret de polichinelle à Alger que le nouveau pouvoir algérien n’a pas perdu l’espoir de récupérer dans son giron un parti sur lequel il compte beaucoup pour reconquérir une Kabylie qui n’avait pas voté lors de la dernière élection présidentielle. Plusieurs indices montrent que le dernier congrès du FFS n’était qu’un premier pas dans la voie de la normalisation de ce parti appelé à jouer un rôle tampon entre le pouvoir et l’opposition. «L’impératif organique ne doit pas prendre le dessus sur le défi politique pour redonner au FFS la place qui lui revient sur l’échiquier politique national, notamment en cette conjoncture d’éveil collectif et de mobilisation pacifique extraordinaire de notre peuple, déterminé à reconquérir sa souveraineté», a relevé Belahcel et ses colistiers dans leur lettre de candidature. Des observateurs n’ont pas hésité à rappeler que la question de l’engagement du FFS au sein du Pacte de l’alternative démocratique (PAD) constituera sans doute la première équation à résoudre pour la nouvelle direction du FFS surtout que des voix au sein du parti se sont élevées récemment pour mettre en cause l’alliance organique du parti avec les autres composantes du PAD.
Un autre indice qui va dans le même sens est la position exprimée par l’ancien dirigeant du FFS, Ali Laskri à la veille du congrès : «J’informe les militants (es) que je ne serai pas présent au congrès extraordinaire, mes convictions et ma détermination de la nécessité du changement du système ne me permettent pas de cautionner une rencontre de mise en conformité et de normalisation du parti » « je vous informe que ma présence sera contraire à toutes mes prises de position politiques et contraire aux revendications du FFS depuis l’indépendance et du mouvement révolutionnaire pacifique depuis le 22 février 2019…Aujourd’hui, le régime en déficit de légitimité veut asseoir sa feuille de route dans le cadre d’une démocratie de façade, neutraliser le mouvement révolutionnaire pacifique et la conférence nationale indépendante du pouvoir. C’est-à-dire une véritable alternative démocratique, l’élection d’une assemblée constituante prélude à l’avènement de la deuxième république », a conclu Ali Laskri. Bien entendu, le refus de Ali Laskri de jouer le jeu du pouvoir est loin d’exprimer une position de principe puisqu’il a lui-même pratiqué ce jeu dans un passé récent. Les prochaines semaines nous instruiront davantage sur les rapports entre le nouveau pouvoir et le FFS mais ce n’est ni la première fois -ni la dernière- que ce dernier parti accepte de jouer le jeu en contrepartie des avantages offerts à ses membres et sympathisants. Après s’être assuré la loyauté des nouvelles directions du FLN et du RND, le pouvoir réussira sans grands efforts à neutraliser le FFS même si ce dernier continuera à berner ses sympathisants avec sa rhétorique démocratique habituelle. Le MSP, victime de son radicalisme et de sa proximité avec la Turquie d’Erdogan, risque d’être le grand perdant de la nouvelle reconfiguration politique à laquelle s’attellent les services de la présidence de la république dans le sillage de la prochaine révision constitutionnelle.