Qui a proposé Nazih Berramdane comme Conseiller chargé du mouvement associatif ?
Le député Nazih Berramdane (et non pas Benramdane comme l’écrit l’APS pour on ne sait quelle raison) a été nommé le 16 juillet dernier par le président de la république Conseiller chargé du Mouvement associatif et de la Communauté nationale à l’étranger. Nazih Berramdane est passé par plusieurs partis avant de décider de siéger comme député indépendant lorsqu’il a claqué la porte du MPA en juillet 2017. En effet, Nazih Berramdane a été membre du Rassemblement national démocratique (RND) avant de passer au Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Benyounes. Auparavant, il avait participé aux élections législatives de 2012 sous la bannière du parti El Mostakbal de Abdelaziz Bélaïd. Journaliste de formation, Nazih Berramdane a exercé la fonction de conseiller à la communication au sein de l’Office national de la culture et de l’information (ONCI) avant d’être nommé Directeur général de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel dépendant du Ministère de la culture.
Pour les connaisseurs du système de cooptation au sein du système algérien, il ne fait aucun doute que Nazih Berramdane n’aurait pas pu bénéficier des postes qu’il a occupés ni des opportunités politiques offertes sans être adoubé par les services de la DGSI. Malgré les changements opérés à la tête de cette structure depuis 2017, Nazih Berramdane continue manifestement de bénéficier de l’aval de ce service, ce qui en dit long sur les forces qui continuent d’avoir une influence notoire à l’intérieur de ce service par-delà les changements survenus récemment après le limogeage du général Wassini Bouazza.
Les observateurs s’interrogent sur la dernière nomination de Nazih Berramdane par le président de la république à un poste éminemment stratégique à l’interface entre la présidence, les services de sécurité et les associations de la société civile dans une conjoncture où le contrôle de la société par le pouvoir semble une priorité. Comment un ancien cadre d’un parti minoritaire (le MPA), né d’une scission avec le RCD et connu pour ses liens privilégiés aussi bien avec Saïd Bouteflika qu’avec des généraux de l’ex-DRS dissous, peut-il susciter la confiance des associations de la « société civile » à un moment où cette confiance apparaît comme une condition capitale pour la préservation de la paix civile et de la stabilité ? Quel est le lobby au sein de la DGSI qui est derrière cette nomination et qu’est-ce qui a motivé un choix aussi discutable ? Les analystes interrogés ne sont pas d’accord quant à l’interprétation qu’il faut donner à l’évènement. Si pour certains, des motivations à caractère politique ne sont pas à exclure, pour d’autres, il s’agirait tout simplement d’une nomination par défaut qui obéit à une logique bureaucratique. Ces observateurs n’écartent pas non plus les motivations clientélistes et régionalistes qui empoisonnent le fonctionnement des institutions en Algérie.
Mustapha Senhadji