Saïd Chanegriha veut redonner à la marine algérienne ses lettres de noblesse
Dans le cadre de sa visite de travail à la 2eme Région militaire (Oran), le chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée Said Chanegriha, a assisté à un exercice de tir de missile contre un objectif en surface à partir de la corvette lance missiles Rais Salah. A cette occasion, le chef d’état-major de l’ANP a fait une déclaration très remarquée. Il a notamment affirmé : » Je voudrais rappeler à cette occasion que les dimensions de la poursuite incessante et les efforts intenses et continus déployés par le Commandement suprême de l’Armée nationale populaire ne visent pas seulement à accroître les capacités de combat et opérationnelles de nos forces navales, car ils sont un symbole certain de la capacité de protéger nos eaux territoriales avec leurs côtes étendues, ainsi que Tout le monde sait, sur 1.200 km, j’ai dit que ces efforts ne visent pas seulement à y parvenir, mais visent également à restaurer le respect de la marine algérienne, qui a vécu une période dorée de notre glorieuse histoire, et qui a été la représentation incontestée de la première dame des mers, et une force avec laquelle il fallait compter en Méditerranée. »
La déclaration du chef d’état-major de l’ANP n’a pas manqué de susciter les commentaires les plus divers. S’agit-il d’une déclaration à caractère général visant à encourager les marins algériens et à rappeler les efforts consentis ces dix dernières années par le commandement de l’ANP en vue de moderniser et renforcer la flotte des Forces navales algériennes ou bien s’agit-il d’une nouvelle volonté de redonner à la marine algérienne ses lettres de noblesse d’antan pour la rendre capable de rivaliser avec les autres marines qui dominent aujourd’hui en Méditerranée ? La déclaration du chef d’état-major de l’ANP est d’autant plus surprenante qu’elle survient après un exercice de tir de missile à partir d’une modeste et vieille corvette de l’ère soviétique. En effet, la corvette Rais Salah qui a tiré le missile fait partie de trois corvettes de type Nanuchka qui ont subi une opération de modernisation dans les chantiers navals russes et même si elles peuvent servir encore jusqu’en 2025, il est difficile de rivaliser avec les marines qui comptent aujourd’hui en Méditerranée avec ce genre de corvettes.
Le seul bémol est le choix fait très tôt par l’Algérie de se doter d’une force sous-marine. En effet, la marine algérienne accumule une expérience d’une quarantaine d’années dans ce domaine et avec six sous-marins de la classe Kilo ( 2 sous-marins Kilo 877 et 4 sous-marins Kilo 636) les forces navales algériennes peuvent tenir tête aux marines plus puissantes des pays voisins de la rive nord de la Méditerranée. Pour les experts militaires interrogés, au lieu de gaspiller de l’argent et des énergies à constituer une marine de surface aussi imposante que celles des puissances qui dominent en Méditerranée, l’Algérie devrait renforcer sa flotte sous-marine avec 4 à 6 sous marins supplémentaires (de préférence chinois dans un souci de diversification des fournisseurs). Pour les bâtiments de surface, le programme de modernisation en cours est suffisant dans le cadre de la doctrine défensive de l’ANP. La marine algérienne est appelée à terme à remplacer ses 3 frégates de type Koni (1900 tonnes) et ses 3 corvettes Nanuchka (700 tonnes) soit par les projets 20380 et 22160 qui ont été abandonnés pour l’immédiat soit par la levée d’option sur 3 corvettes chinoises C28A supplémentaires auxquelles s’ajouteront au moins 6 OPV chinois dont le premier de série est attendu en 2022. La levée d’option sur les 2 frégates allemandes Meko A 200 supplémentaires et sur un second BDSL italien, même si elle n’est pas une priorité pour le moment et reste largement dépendante de la remontée des cours pétroliers, pourrait également être envisagée à terme.
A. Boussouf