Les Algériens choqués après l’acquittement de Said Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag
La Cour d’appel militaire de Blida a acquitté samedi les accusés Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène, Athmane Tartag et Louisa Hanoune lors de la réouverture de leur procès en appel relatif à l »atteinte à l’autorité de l’Armée » et au « complot contre l’autorité de l’Etat », a indiqué à l’APS l’avocat de la défense, Me Khaled Berghel. « Après la lecture de l’affaire sur l’assistance par le président de Cour d’appel militaire de Blida, les accusés Saïd Bouteflika, Mohamed Mediène, Athmane Tartag et Louisa Hanoune ont été tous entendu et plaidé non coupable », a précisé l’avocat de Said Bouteflika. « Le Procureur général militaire a, quant à lui, demandé l’application juste de la Loi », a-t-il relevé. La Cour d’appel militaire de Blida avait confirmé le 10 février passé le jugement en première instance en condamnant Saïd Bouteflika, Mohamed Mediene et Athmane Tartag à 15 ans de prison ferme, tandis que Louisa Hanoune a été condamnée à trois ans de prison dont neuf mois ferme. Les accusés étaient poursuivis pour « des faits commis dans une enceinte militaire qualifiés par la loi de crimes de complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité de l’Armée et de complot contre l’autorité de l’Etat, faits prévus et réprimés respectivement par l’article 284 du Code de la justice militaire et les articles 77 et 78 du Code pénal ».
Ce jugement était attendu comme nous l’avions prévu dans nos précédentes éditions dans la mesure où plusieurs indices tendaient à montrer que le nouveau pouvoir algérien allait se montrer clément avec les accusés dans le cadre de ce qui s’apparente à une option en faveur de la réconciliation entre tous les généraux dans une conjoncture nationale qui exige de l’institution militaire un haut degré d’unité et de cohésion. En effet, il n’y a aucun doute que l’acquittement de Said Bouteflika et des généraux Toufik et Tartag n’a rien à voir avec la justice. L’acquittement dont ont bénéficié les accusés ne changera rien à la nature des faits qui leur étaient reprochés : comment peut-on appeler autrement qu’un « complot » le fait de se réunir pour planifier la destitution du chef d’état-major de l’ANP de l’époque, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, pour le remplacer par un général-major retraité, Saïd Bey, avant de proclamer la démission du prédident Bouteflika et l’instauration d’un Conseil présidentiel sous la présidence toute formelle de l’ancien président Liamine Zeroual ?
Quelle que soit la justification qui sera donnée à ce geste, il s’agit ni plus ni moins d’une décision à caractère politique. Il aurait mieux valu, à la rigueur, pour l’image de la Justice militaire confirmer les jugements précédents et que le président de la république prononce une grâce amnistiante en leur faveur comme il pouvait le faire dans le cadre de ses prérogatives constitutionnelles. Bien que ce jugement était très prévisible, nombreux sont les Algériens qui se sont montrés choqués sur les réseaux sociaux. Certains n’hésitent pas à accuser le nouveau pouvoir de trahison. A un moment où l’Algérie a besoin plus que jamais d’un front intérieur solide, les dirigeants algériens devront redoubler d’efforts pour rassurer l’opinion publique nationale que les mesures de clémence prises en faveur des accusés ne signifient nullement un retour en arrière sur le plan politique.
Mohamed Merabet