La communauté internationale condamne le coup d’Etat au Burkina Faso
Comme c’était prévisible, la communauté internationale a condamné d’une seule voix le coup d’Etat militaire mené lundi au Burkina Faso, appelant au dialogue pour régler la crise et à la « libération immédiate » du président Roch Marc Christian Kaboré et de « toutes les autorités détenues ». La Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) a « fermement » condamné mardi « le coup d’Etat militaire » au Burkina Faso . Pour sa part, la présidence du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) s’est déclarée « très préoccupée » par le déroulement des événements politiques et militaires au Burkina Faso, lesquels « sont de nature à mettre en péril les acquis démocratiques dans ce pays membre de l’organisation ». De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a affirmé mardi à propos du Burkina Faso que « les coups d’Etat militaires étaient inacceptables », en réclamant aux militaires en Afrique de l’Ouest de « défendre leur pays, pas d’attaquer leurs gouvernements ». Dans le même contexte, le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a réclamé la « libération immédiate » du président Kaboré, ainsi que d’autres hauts responsables qui ont été arrêtés », par des soldats mutins. Le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat a lui aussi, appelé lundi à « privilégier le dialogue politique comme voix de solution des problèmes du Burkina Faso ».
Quant à l’Union européenne (UE), elle « reste attentive à l’évolution de la situation, en appelant tous les acteurs au calme et à la retenue. Elle appelle également à ce que la liberté du président Kaboré et des membres des institutions de l’Etat soit immédiatement rétablie », selon un communiqué du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Un appel similaire a été lancé par les Etats-Unis pour la « libération immédiate » du président Roch Marc Kaboré et d’autres responsables gouvernementaux, et pour « respecter la Constitution ». « Nous exhortons toutes les parties, dans cette situation mouvante, à maintenir le calme et à rechercher le dialogue pour résoudre leurs griefs », a dit un porte-parole de la diplomatie américaine. La France a elle aussi condamné par la voix de son président Emmanuel Macron « le coup d’Etat militaire » au Burkina Faso, et souligné que le président Kaboré « avait été élu démocratiquement par son peuple à deux reprises ». « Très clairement, comme toujours, nous sommes au côté de l’organisation régionale qu’est la Cédéao pour condamner ce coup d’Etat militaire », a déclaré le président Macron.
Pour rappel, des militaires ont annoncé lundi soir à la télévision nationale burkinabè (RTB) avoir pris le pouvoir, ainsi que la suspension des principales institutions du pays, la fermeture des frontières et la mise en place d’un couvre-feu. « Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a décidé d’assumer ses responsabilités devant l’histoire, la communauté nationale et internationale. Le mouvement qui regroupe toutes les forces de défense et de sécurité a ainsi décidé de mettre fin au pouvoir du président Roch Marc Christian Kaboré, ce 24 janvier 2022 », indique un communiqué lu à la télévision et signé du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président du MPSR qui assure désormais le pouvoir. Sur le compte Twitter de Roch Marc Christian Kaboré, la télévision publique RTB a publié une lettre manuscrite signée de sa main dans laquelle il indique « déposer sa démission », « dans l’intérêt supérieur de la nation, suite aux évènements qui s’y déroulent » depuis dimanche. Reste à savoir si les réactions diplomatiques de la « communauté internationale » suffiront à ramener l’ « ordre constitutionnel » dans ce pays. L’autre question est jusqu’à quand le nouveau pouvoir va tenir après la suspension du pays de la CEDEAO ? A moins que les nouveaux dirigeants burkinabés décident de suivre l’exemple des militaires maliens qui semblent s’être tournés vers de nouveaux partenaires internationaux (Russie, Chine) pour contre-balancer l’influence de l’ancienne puissance coloniale.