La Tunisie ne peut pas s’autoriser à accueillir Lavrov, Alger l’a fait ce 10 mai
Par Souleymane Loum
Si du côté de Tunis on s’est bien gardé de dire un mot sur le déplacement de l’émissaire de Vladimir Poutine c’est parce que le dossier est hautement explosif, avec une conjoncture internationale complètement chamboulée par l’incursion russe en Ukraine.. La Tunisie, qui est de fait de l’autre côté de la barrière, en vertu de son statut d’allié majeur non membre de l’OTAN, tente de naviguer à vue dans des eaux très troubles pour maintenir sa neutralité diplomatique traditionnelle. C’est valable pour le dossier ukrainien mais pour tous les autres aussi, à part la Palestine…
L’Algérie qui ne dépend en rien de la main étrangère pour subvenir à ses besoins – la Tunisie ne peut pas en dire autant -, n’est pas plombée par ces considérations. Alger peut donc se permettre d’afficher les positions qu’elle juge en accord avec ses intérêts sans craindre les foudres occidentales. C’est ce qui explique que le président algérien, Abdelmajid Tebboune, peut en toute liberté – ou presque – accueillir ce mardi 10 mai le ministre russe des Affaires étrangères…
A noter que ce dernier a débarqué en Algérie hier soir et qu’il doit aujourd’hui converser avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra, avant de s’entretenir avec Tebboune, rapportent les médias locaux. Lavrov n’est pas venu à Alger depuis 2019, son voyage marquera le 60e anniversaire de l’instauration des liens diplomatiques entre la Russie et l’Algérie. On ne sait rien des sujets qui seront évoqués avec les autorités algériennes, mais ce qui est certain c’est que les hydrocarbures seront en bonne place…
En effet les Européens, de plus en plus embarrassés par leur dépendance du pétrole et du gaz russes, font tout pour s’en défaire. L’Algérie certes ne fournit pour le moment que 11% du gaz consommé en Europe, mais elle est harcelée par les pays européens pour monter en puissance. L’Italie est prête à miser très gros et l’Espagne panique déjà à l’idée de perdre son quota de gaz. Même la première économie européenne, l’Allemagne est dans les starting blocks.
Certes l’Algérie n’est pas en mesure de monter au niveau du gaz russe – près de 50% du gaz consommé en Europe – et le dit ouvertement, mais ça c’est surtout pour ne pas fâcher l’allié russe. Dans les faits Alger ne verrait aucun inconvénient à profiter de la situation pour remplir ses coffres de manière à préparer l’après-gaz/pétrole et la transition écologique.
Source : Tunisie numérique