La sortie de Sergueï Lavrov fera beaucoup de bruit à Washington
Par Souleymane Loum
Pour Alger c’est un soutien qui compte beaucoup. Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a dit tout le bien qu’il pense de l’Algérie et de ses liens avec Moscou. Lavrov qui était à Alger en mars 2022, a donné son sentiment sur la décision du président Abdelmadjid Tebbone de rejoindre le club des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et sur la grogne à Washington à cause des liens avec la Russie.
Le ministre russe des Affaires étrangères a répondu sans détours sur la chaîne de télévision RT. «Nous avons un proverbe qui dit : ils ne se sont pas attaqués à la bonne personne. Le peuple algérien n’est pas du genre à se laisser dicter ses positions. Il ne faut pas s’attendre à ce que les Algériens exécutent, sur un simple claquement de mains, des orientations venant d’outre Atlantique et qui ne sont pas en conformité avec leurs intérêts nationaux», a asséné Lavrov…
Rappelons que fin septembre dernier, pas moins de 27 parlementaires américains, irrités par la coopération entre Alger et Moscou – militaire surtout -, ont demandé au secrétaire d’État Antony Blinken de punir l’Algérie sur la base d’une loi adoptée en 2017. Cet arsenal juridique est taillé pour combattre les adversaires des USA par le biais de sanctions (the countering America’s adversaries through sanctions act).
Ce qu’on reproche surtout à l’Algérie c’est de faire son marché en Russie -achat d’armes – , ce qui aide Vladimir Poutine à gonfler le trésor de guerre avec lequel il martyrise l’Ukraine, disent les élus américains dans la lettre qu’ils ont envoyée à Blinken. A noter qu’avant cette missive le sénateur républicain Marco Rubio s’était plaint auprès du chef de la diplomatie américaine dans les mêmes termes.
La sortie de Lavrov et surtout le voyage de Tebboune à Moscou en mai 2023 sont la preuve que le coup de sang des députés américains restera une tempête dans un verre d’eau. Quant à l’adhésion aux BRICS, c’est presque acté à en croire Lavrov. L’Algérie «figure, par toutes ses qualités, parmi les leaders des prétendants» au club, a-t-il dit…
Et la trajectoire du futur partenariat international ne sera pas dictée par les «caprices d’un seul groupe de pays, comme c’est le cas des États-Unis, qui abusent grossièrement du rôle du dollar» et de leurs «autres monopoles», a-t-il conclu.
Pour autant Alger n’a pas l’intention de mettre tous ses oeufs dans le même panier et de tourner le dos à l’Occident, en effet le président Tebboune se rendra chez Poutine et en France dans le même mois. Un grand écart que peu de pays peuvent se permettre dans la conjoncture actuelle…
Le 03 février 2023
Source : Tunisie numérique