Dissolution du Groupement d’intervention spécial du DRS
Le processus de restructuration et de changement à l’intérieur des structures militaires et sécuritaires qui a commencé il y a deux ans, et qui s’est accéléré durant le mois de juillet avec le limogeage des chefs de la Garde républicaine, de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP) et de la Direction de la sécurité intérieure (DSI), vient de connaître un nouvel épisode spectaculaire. Il s’agit de la dissolution du Groupement d’intervention spécial, le fameux GIS qui constituait en quelque sorte la force de frappe du DRS dans les opérations spéciales et notamment dans la lutte antiterroriste (Les éléments du GIS se sont récemment distingués lors de l’opération antiterroriste de Tinguentourine) Ni la présidence de la république ni le MDN n’a communiqué officiellement sur le sujet mais comme pour les changements effectués à la tête de la Sécurité présidentielle, de la Garde républicaine et de la Sécurité intérieure, c’est par des « fuites » organisées dans la presse que nous apprenons que le GIS a été dissous et que ses membres ont été affectés à différents corps de l’armée et de la gendarmerie nationale. C’est ainsi que la section des démineurs et la brigade canine ont été affectées à la gendarmerie nationale.
Le fait que la dissolution du GIS ait été annoncée en même temps que la mise de la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP) sous la tutelle directe du commandant de la Garde républicaine, le général de corps d’armée, Ben Ali Ben Ali, qui bénéficie de la grande confiance du président de la républicaine, atteste s’il en est besoin que ces changements n’obéissent pas exclusivement à des motifs techniques mais aussi à des préoccupations d’ordre politique. Le processus de restructuration des institutions sécuritaires et le rééquilibrage des pouvoirs semblent se faire depuis deux ans au détriment du DRS, qui est en train d’être progressivement transformé en coquille vide. Contrairement à ce qui est prétendu dans certains médias, il ne s’agit pas d’une lutte de pouvoir entre El Mouradia et les Tagarins (c’est-à-dire entre la présidence et l’armée) mais d’une réaffirmation par la présidence et le ministère de la défense de leurs prérogatives constitutionnelles avec l’assentiment de la haute hiérarchie militaire qui voyait d’un mauvais œil certains services se transformer pratiquement en services indépendants et agissant parfois en dehors du cadre légal et réglementaire.
Cependant, mis à part les services de police judiciaire et de l’information et de la documentation du DRS qui ont été détachés de ce département en 2013, les changements effectués jusqu’ici n’ont affecté que les chefs qui ont été remplacés par d’autres. Cette fois, en ce qui concerne le GIS, il s’agit d’une dissolution pure et simple d’où les interrogations des experts militaires. Si le commandement a été obligé de passer par une mesure aussi radicale, cela voudrait dire qu’une simple réorganisation avec de nouveaux chefs n‘aurait pas suffi à traiter le dysfonctionnement constaté. Se posent alors plusieurs questions : Que faire de l’expérience accumulée par ce groupement dans la lutte antiterroriste ? L’affectation de ses éléments à différents corps de l’armée et de la gendarmerie nationale pourra-t-elle sauver cette riche expérience ? Le DSI dépendant de la gendarmerie nationale et le régiment spécial d’intervention de la Garde républicaine, créé récemment pourront-ils intégrer rapidement l’expérience du GIS pour la valoriser au service de la sécurité nationale à un moment où l’Algérie doit faire face à de multiples menaces sur plusieurs fronts ? La DSI qui vient d’avoir un nouveau patron en la personne du général-major Abdelkader aura-t-elle un nouveau service « action » approprié ? Le Service de coordination des opérations et recherches antiterroristes (SCORAT) anciennement dirigé par le général Abdelkader Aït Ouarab dit Hassen sera-t-il maintenu ?
Telles sont les questions que se posent les cadres et les citoyens qui ont à cœur la sécurité du pays dans la conjoncture géostratégique régionale actuelle. En effet, quelle que soit la gravité des dépassements regrettables constatés dans le fonctionnement de tel ou tel service, aucune restructuration ne saurait priver le pays de forces d’élites spécialement formées pour mener des interventions dans des milieux hostiles. En l’absence de toute communication officielle, il est fort à craindre que cette opération risque de prêter le flan aux plans machiavéliques de désinformation et de déstabilisation visant la cohésion de l’ANP et des autres institutions.