Le DRS continue de gérer trois dossiers sensibles
La restructuration des services de sécurité algériens entamée par le président Bouteflika en septembre 2013 a été interprétée comme une tentative de réduire les pouvoirs jugés exorbitants du DRS en Algérie. Après les derniers changements effectués et la dissolution du GIS, certains observateurs sont allés jusqu’à prévoir pour bientôt un démantèlement pur et simple de cette institution. En l’absence de communication officielle sur un dossier aussi sensible, les Algériens doivent se contenter des « fuites » organisées dans la presse par les différents pôles du pouvoir. C’est ainsi que le quotidien El Khabar connu pour ses entrées au DRS s’est fait l’écho d’informations de source sécuritaire suivant lesquelles la présidence continue de confier au DRS la gestion de trois dossiers sécuritaires des plus sensibles : la coopération antiterroriste internationale, la crise en Libye et au Mali et les relations avec le Maroc.
Le président Bouteflika aurait laissé au DRS le pouvoir de collecter des informations sur la situation sécuritaire en Libye et le nord du Mali et de surveiller l’activité de groupes terroristes dans ces deux pays voisins de l’Algérie. Le Département a conservé la prérogative de la gestion du dossier des relations instables avec le Maroc. Mais le dossier le plus important qui est resté sur le bureau du général de corps d’armée Mohamed Mediene dit Toufik est celui des accords de sécurité conclus avec les puissances occidentales. La « source sécuritaire » qui a informé El Khabar n’a pas précisé si la gestion de ces dossiers sensibles qui relèvent tous les trois de la sécurité extérieure est directement prise en charge par le cabinet du général de corps d’armée Mediene ou si elle est confiée à la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure (DDSE) du général-major Mohamed Bouzit dit Youcef qui continue à être sous l’autorité directe du DRS tout comme d’ailleurs la Direction de la sécurité intérieure (DSI) récemment confiée au général Rezig dit Abdelaziz après le limogeage du général-major Abdelhamid Bendaoud dit Ali.
Ce dernier détail est important si on s’en tient à une information qui a circulé récemment et qu’il faut prendre avec précaution suivant laquelle à l’occasion de la rencontre avec une délégation sécuritaire américaine à Alger, c’est le général-major Bouzit qui a conduit la délégation algérienne et non le général de corps d’armée Mediene. Les facteurs d’ordre organisationnel qui sont derrière le processus de restructuration en cours s’accompagnent de luttes de pouvoir tout à fait normales à ce niveau qui pourraient donner lieu à des renversements très rapides d’alliances. Le renforcement de l’armée algérienne qui est en train de se doter d’un service de sécurité bien à elle pour une meilleure proactivité dans cette conjoncture n’est pas bien vu par tout le monde à l’intérieur et surtout à l’extérieur du pays. Le récent rapprochement entre la présidence et le général de corps d’armée Mediene, s’il peut constituer une bonne chose pour la stabilité des institutions, ne devrait pas gêner, selon les observateurs, le processus de restructuration engagé par le commandement de l’armée sous peine de compromettre les efforts du pays en matière de sécurité nationale.