Blair présente ses excuses pour l’invasion de l’Irak
L’ex-premier ministre britannique Tony Blair a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003, durant laquelle il fut le principal allié de Georges W. Bush, dans une interview à CNN qui sera diffusée ce lundi 26 octobre. Face à Farid Zakaria, commentateur qui avait à l’époque encouragé l’invasion américaine avant de rejoindre le camp des critiques, M. Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation autoproclamée « Etat islamique en Irak et en Syrie. La presse britannique a fait écho de ces déclarations avant leur diffusion : « Je présente des excuses pour le fait que le renseignement était faux. Je présente également des excuses, au passage, pour certaines erreurs de planification et, certainement, pour notre erreur dans la compréhension de ce qui arriverait une fois que nous aurions renversé le régime » déclare M. Blair à CNN en ajoutant toutefois « il m’est difficile de demander pardon pour avoir renversé Saddam ».
La référence à des « renseignements faux » paraît une évocation des supposées armes de destruction massive de Saddam Hussein, une menace qui a légitimé l’invasion de l’Irak dans les opinions britannique et américaine et qui s’est avérée inexistante. La coalition américaine avait peu préparé l’occupation du pays, qui devait suivre la chute de Saddam Hussein. La décision du principal administrateur américain, l’envoyé présidentiel Paul Bremer, de dissoudre le parti Baath de Saddam Hussein et d’interdire à ses hauts responsables d’exercer une fonction au sein du nouvel Etat avait, entre autres erreurs stratégiques, précipité la chute du pays dans la guerre civile. L’alliance d’anciens militaires et agents du renseignement baasistes et de djihadistes sunnites serait selon certaines sources une des spécificités de la branche d’Al-Qaïda et de l’EI en Irak. Sur CNN, lorsqu’il est demandé à M. Blair s’il considère que l’invasion a mené à l’essor de l’EI, il répond : « Je pense qu’il y a là des éléments de vérité. Bien sûr, vous ne pouvez pas dire que ceux qui ont renversé Saddam en 2003 n’ont aucune responsabilité dans la situation en 2015. »
Les aveux et les excuses de Tony Blair ne changeront rien à l’histoire et à la situation qui prévaut actuellement en Irak et en Syrie mais ils peuvent ouvrir les yeux à de nombreux acteurs de la scène politique internationale qui croient que l’intervention occidentale dans les affaires des pays du sud et du monde arabe en particulier peut résoudre leurs problèmes. En effet, tout en avouant les erreurs commises par le passé en Irak, Blair et consorts restent convaincus qu’ils ont une « mission » civilisatrice et démocratique dans le monde arabe. La preuve, après l’Irak, ils ont récidivé avec la Libye et après la Libye, ils ont récidivé en Syrie (indirectement en armant et en entraînant les opposants au régime) et rien ne dit qu’ils ne récidiveront pas demain ailleurs dans d’autres pays du Machrek ou du Maghreb.