Farouk Ksentini dénonce le manque d’indépendance de la Justice algérienne
Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l’Homme, Farouk Ksentini n’a pas été tendre avec le système judiciaire algérien dont il a dénoncé le manque d’indépendance. Si le constat fait par Ksentini n’apprend pas grand-chose à la majorité des Algériens, en revanche ses explications méritent une attention particulière. Pour Ksentini, la question n’est pas tellement une question de législation puisque dans la Constitution et dans les textes de loi, la Justice se présente normalement comme un pouvoir autonome. Ksentini pointe du doigt tout particulièrement les juges qu’il n’hésite pas à accuser de lâcheté. Pour lui, les jugements en Algérie sont entachés de vice dès lors que les juges préfèrent recourir à des jugements de complaisance plutôt que d’avoir à affronter des situations embarrassantes.
Cependant, Ksentini est resté vague quant à ce qu’il entend par lâcheté. Si les juges sont si lâches comme il le dit c’est qu’ils redoutent quelque chose. Cette question nous ramène à d’autres. Les juges redoutent les conséquences de leurs jugements soit de la part du pouvoir exécutif qui les nomme soit de la part de personnes puissantes dans la société. Au-delà des slogans, la Justice en Algérie est loin de bénéficier de l’indépendance législative dont parle Ksentini. Le pouvoir exécutif continue d’avoir des moyens de pression disproportionnés sur le pouvoir judiciaire.
Mais la question la plus importante selon les observateurs reste celle de l’absence d’un contre poids efficace de la société civile et des médias contre les dépassements de la Justice. Dans tous les pays qui connaissent une certaine indépendance de la Justice, ce phénomène n’est pas descendu du ciel. Il a été arraché de haute lutte par la mobilisation de la société civile et de ses différentes expressions politiques. En Algérie, au lieu de se focaliser sur les faits concrets d’injustice flagrants en vue de défendre les victimes d’abus et de dénoncer les mauvaises pratiques, les associations des droits de l’Homme et les médias préfèrent faire des campagnes politiciennes contre le pouvoir en général, ce qui revient souvent à faire le jeu de tel ou tel clan au profit de tel autre clan. Pire, certaines associations et certains médias servent de vecteurs pour la propagande de certaines ONG connues pour leurs relations étroites avec les lobbies sionistes en Europe.