Mohamed Douibi tire dans le dos de la diplomatie algérienne
Le secrétaire général du mouvement Ennahdha (islamiste) Mohamed Douibi n’a pas trouvé mieux que d’ironiser à propos d’une information au sujet d’une possible médiation algérienne entre Riad et Téhéran. Pour Douibi, l’Algérie devrait d’abord se montrer capable de résoudre sa propre crise interne avant de prétendre jouer un quelconque rôle dans la résolution des crises extérieures. Les observateurs politiques ont trouvé étrange cette déclaration émanant d’un responsable d’un parti politique algérien. Ce dernier devrait au moins montrer un certain devoir de réserve s’agissant de questions qui engagent les intérêts stratégiques du pays et qui sont du ressort de l’appareil diplomatique de l’Etat algérien que tous les partis algériens se doivent de soutenir. En effet, pour de nombreux observateurs, on peut reprocher des choses à la diplomatie algérienne mais certainement pas le fait d’essayer dans toutes les circonstances de faire prévaloir le dialogue et la négociation pour surmonter les crises et résoudre les conflits qui déchirent plusieurs pays arabes (Libye, Syrie, Yémen). Comment un parti qui se proclame « islamiste » peut-il trouver à redire lorsqu’il s’agit de contribuer à détendre les relations entre deux pays musulmans, à supposer que l’information relative à cette « médiation » soit fondée ?
Mohamed Douibi n’est pas à sa première déclaration litigieuse. Récemment à l’occasion d’une réunion avec les cadres de son parti à Constantine en prévision des Sénatoriales du 29 décembre, il avait entamé son discours par la dénonciation de l’adoption par le Sénat le jeudi 10 décembre de la loi contre les violences faites aux femmes. Rappelons que ce texte qui renforce les peines contre les auteurs de violences envers les femmes était bloqué au Conseil de la nation malgré son adoption à l’Assemblée populaire nationale au mois de mars. Une vive contestation par les partis islamistes a été derrière ce blocage. « Cette loi a été adoptée suite à la pression des organisations étrangères », a estimé le SG d’Ennahda. « Nous avons refusé cette loi car elle consacre la dislocation de la famille », a-t-il ajouté.
Ainsi pour Douibi, il faut subir des « pressions internationales » pour criminaliser la violence faite aux femmes. Les partis qui se proclament « islamistes » osent justifier hypocritement leur frilosité sur une question de société aussi grave par le souci de préserver la famille alors que c’est la violence et la décadence morale qui en est le terreau qui menacent la famille algérienne. En prenant des positions à contre-sens de la justice et du progrès social, ces partis soi-disant « islamistes » ne font que perpétuer les déformations que font subir à l’islam l’ignorance et le sous-développement des hommes.