Benghebrit projette de généraliser l’enseignement du tamazight
La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a annoncé mardi à Tipaza un plan de généralisation progressive de l’enseignement du tamazight à travers tout le territorial national à partir de la prochaine rentrée et l’institution de la célébration du nouvel an amazigh dans tous les établissements éducatifs. Présidant les festivités officielles du nouvel an amazigh Yennayer 2966, célébré le 12 janvier, en compagnie du wali Abdelkader Kadi, la ministre a souligné la ‘‘disponibilité de son département à poursuivre les efforts déployés en faveur de la généralisation de la langue amazighe sur l’ensemble des wilayas du pays’‘, jusque-là enseignée dans 21 wilayas contre 12 wilayas durant 2014-2015. ‘‘Nous nous engageons à mobiliser tous les moyens matériels et humains pour assurer l’enseignement de la langue amazighe et poursuivre les efforts consentis pour sa promotion à travers un plan, en cours de préparation au niveau du ministère’‘, a précisé Mme Benghebrit.
La ministre a appelé les parties concernées, notamment le Haut-Commissariat à l’Amazighité (HCA), les associations culturelles et professionnelles et la société civile à la conjugaison des efforts en attendant la ‘‘consolidation du tamazight par la création d’une académie, tel que proposé dans le projet d’amendement de la Constitution, annoncé récemment’‘. ‘‘Après la proposition portant officialisation du tamazight en tant que langue nationale et officielle, nous avons décidé d’instituer la célébration du nouvel an amazigh, coïncidant au 12 janvier de chaque année, dans tous les établissements éducatifs en proposant un cours sur le thème’‘, a indiqué la première responsable du secteur. A cette occasion, un cours pilote a été présenté à la salle des conférences de la wilaya de Tipaza avec pour thème la terre et l’agriculture avant d’évoquer les dimensions historiques, culturelles et sociales de la célébration de Yennayer.
Les observateurs s’interrogent sur cet intérêt accordé par la ministre de l’éducation à la généralisation de l’enseignement du tamazight à l’ensemble des wilayas du pays alors que l’enseignement des matières fondamentale et des langues étrangères n’est pas assuré convenablement dans les wilayas du sud du pays comme l’illustrent les disparités constatées dans les résultats aux examens du BEM et du baccalauréat entre les wilayas du nord et celles du sud. Tout en relevant qu’il s’agit probablement d’un intérêt démagogique dénué de toute dimension pédagogique, les observateurs ne manquent pas de faire un lien entre l’intérêt de Mme Benghebrit pour le tamazight et sa tentative de s’attaquer au statut de la langue arabe dans le système éducatif algérien. Pour rappel, l’année dernière, Mme Benghebrit a tenté d’introduire l’enseignement de l’arabe dialectal dans le premier cycle de l’enseignement primaire dans le but évident de remettre en question l’acquis de l’arabisation de l’enseignement fondamental en Algérie. La manoeuvre de Benghebrit et de ses acolytes a échoué grâce à la résistance des syndicats de l’éducation et des associations des parents d’élèves.
Aujourd’hui, Mme Benghebrit récidive en utilisant, cette fois-ci, le prétexte de l’enseignement du tamazight mais l’objectif stratégique, selon les observateurs, reste le même: s’attaquer au statut de la langue arabe pour mieux préparer le retour de la langue française comme langue dominante. Les analystes estiment que la question linguistique et culturelle est l’objet d’une surpolitisation suspecte qui sert de prétexte à des forces au sein du pouvoir et de la société pour imposer leur agenda politique et mettre en cause les fondements historiques de la société algérienne et ce, avec la complicité de cercles étrangers. C’est ce qui fait dire aux observateurs que nous assistons à une alliance objective entre deux courants autoproclamés « modernistes » et « laïcs » mais qui sont mus en fait par le tribalisme et le complexe de colonisé: le courant berbériste et le courant francophile qui polluent les appareils administratifs de l’Etat et les médias algérois.