La commande du bombardier du Su 34 par l’Algérie inquiète certains milieux
La commande par l’armée algérienne d’une douzaine de Sukhoi 32 (la version export du bombardier tactique russe Su 34) n’a même pas encore été officialisée que l’affaire suscite déjà des réactions de la part de certains lobbies hostiles à l’Algérie. Dans sa dernière édition, la lettre confidentielle Africa Intelligence connue pour ses liens avec la communauté du Renseignement français prétend que le vice-ministre de la défense nationale et chef d’état-major de l’ANP, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd-Salah, aurait imposé cet avion au commandement de l’armée de l’air algérienne.
La source française n’avance aucun élément probant à l’appui de sa soi-disant « information » et pour cause, cette « information » n’a aucun fondement dans la réalité Les pilotes de l’armée de l’air algérienne qui ont essayé cet engin en sont tous satisfaits Le bombardier qui a fait son baptême du feu sur le théâtre d’opérations syrien est impressionnant. Le bombardier SU32/34 est l’héritier naturel de son prédécesseur, le SU24 que l’armée de l’air algérienne connaît bien pour avoir opéré avec cet appareil depuis une vingtaine d’années et c’est tout logiquement qu’elle s’apprête à acquérir son remplaçant qui a bénéficié de développements technologiques accroissant ses potentialités dans tous les domaines (motorisation, rayon d’action, radar, contre-mesures électroniques et armements) La commande du SU32 était d’autant plus attendue que la 4e escadre d’appui et de pénétration basée à Laghouat ne peut plus compter que sur une vingtaine de SU24 MK2 qui seront progressivement réformés d’ici 2020.
Selon les analystes des questions militaires, il n’est pas exclu que des discussions existent au sein du commandement de l’ANP au sujet de l’actualisation de la doctrine militaire et de la nécessaire diversification des armements qui devrait assurer une plus grande autonomie. L’acquisition d’un chasseur-bombardier multirôles comme le SU 30 MKA a laissé penser que l’ANP n’aura peut-être plus besoin d’un bombardier. Mais il semble que les expériences de plusieurs conflits récents ont fini par convaincre le commandement de l’ANP de la nécessité d’un bombardier moderne qui pourrait remplacer le SU24 MK dans les missions d’appui et de pénétration à basse altitude aussi bien dans des conflits conventionnels que dans la guerre contre des groupes terroristes possédant des missiles antiaériens. Par ailleurs, même dans le cas où la question d’un vecteur d’origine européenne ou chinoise venait à s’imposer au sein de l’armée de l’air algérienne, il n’y a aucun équivalent européen ou chinois au SU 34/32 russe et ce n’est pas demain que le Congrès US autorisera l’exportation d’un bombardier vers l’Algérie. La « divergence » entre le chef d’état-major de l’ANP et le commandement de l’armée de l’air algérienne est par conséquent une simple vue de l’esprit émanant d’un journaliste au service d’un lobby que la future arrivée du SU32 en Algérie inquiète visiblement.