Le président Bouteflika dissout le DRS
C’était prévisible depuis l’opération de restructuration du DRS qui a commencé en septembre 2013 et qui a culminé dans la départ à la retraite de l’ancien chef de ce département, le général de corps d’armée Mohamed Mediene. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a décidé de dissoudre officiellement le Département de renseignement et de sécurité (DRS). Cependant, cette « dissolution » est en fait plutôt une restructuration puisque une nouvelle structure, la Direction des services de sécurité (DSS) héritera désormais des services et missions de l’ex-DRS. Cette dissolution-restructuration a été décidée par décret non publiable qui aurait été signé le 20 janvier par le président de la République, indiquent des sources relayées par le quotidien Ennahar, réputé proche de la présidence. Selon la version donnée par les sources proches de la présidence, le président de la République cherche à adapter, par cette restructuration des services de renseignement, le rôle de ce département aux normes internationales pour une meilleure efficacité sur le terrain. Pour rappel, au lendemain du départ à la retraite du général Mohamed Médiene dit Toufik, le président Abdelaziz Bouteflika, a ordonné que soit engagée une restructuration des services de sécurité, afin d’adapter ces services au contexte local, régional et international marqué par des menaces sérieuses sur l’intégrité et la stabilité du pays.
Après étude, cette restructuration a été soumise au président qui a approuvé la création d’une nouvelle structure qui va chapeauter les services de renseignements de l’ex- DRS, et qui travaillera en coordination avec les services de renseignements de la police et de la gendarmerie. Cette nouvelle structure dénommée « Direction des services de sécurité » (DSS) sera dirigée par Athmane Tartag, élevé à cette occasion au rang de « ministre conseiller aux affaires de sécurité » et qui ne rendra compte qu’au chef de l’Etat. La DSS sera établie au lieu de l’ancien siège du Ministère des affaires étrangères, pas loin d’El Mouradia et sera divisée en trois directions (une Direction générale de la Sécurité intérieure, une Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure et une Direction du renseignement technique comprenant le service d’écoute et le service d’appui technologique) Pour rappel, au lendemain de la nomination de Athmane Tartag à la tête du DRS, certains observateurs ont avancé l’hypothèse que ce dernier- dont on dit qu’il est malade- ne resterait pas longtemps à ce poste et qu’il sera remplacé par une personnalité issue du DRS. Le nom de l’ancien directeur de la DDSE, le général-major Rachid Laalali dit Attafi ou de l’actuel patron de la DDSE le général Mohamed Bouzit dit Yacef étaient cités parmi les éventuels successeurs de Athmane Tartag. Le fait que le président Bouteflika ait décidé de reconduire Athamne Tartag à la tête de la nouvelle structure de coordination des services de renseignement constitue apparemment un démenti à cette information. A moins qu’il ne s’agisse que d’une nomination provisoire en attendant la stabilisation de la nouvelle structure.
Au vu des premières informations qui ont fuité et en l’absence de communication officielle, les observateurs voient dans cette nouvelle restructuration des services de renseignements algériens un retour à la situation antérieure à 1990 quand la DGDS (Direction générale de la Documentation et de la sécurité) était rattachée directement à la présidence. Les partisans de cette restructuration mettent en avant le fait que cette dernière s’inscrit dans une démarche politique globale allant dans le sens de l’établissement d’un « Etat civil » mettant ainsi fin à l’ingérence des services de sécurité dans la vie politique et à leur « pouvoir parallèle » en Algérie. D’autres observateurs, plus sceptiques, rappellent que le changement de nom d’une institution sécuritaire ou le changement de tutelle ne signifie pas nécessairement que la surveillance politique a complètement disparu.